Kavian Fallah-Mohammadi venait de recevoir sa convocation. Amin Afshar-Naderi et Hadi Asgari savaient que la leur allait arriver d'un jour à l'autre. Il s'ensuivrait 10 ans derrière les barreaux de la tristement célèbre prison Evin à Téhéran, capitale de l'Iran.

Une longue procédure

En juillet 2017, ces chrétiens d'arrière-plan musulman avaient chacun été condamnés, sans procès, à 10 ans de prison. La raison: «atteinte à la sécurité nationale en participant à une église de maison.» Amin avait vu sa peine alourdie de 5 ans pour «blasphème contre l'islam.» Depuis, ils font appel de leur sentence. 

Amin raconte: «j'ai été arrêté [fin 2014] et ce n'est que deux ans plus tard que j'ai été convoqué pour présenter ma défense. C'est alors qu'ils m'ont présenté d'autres accusations encore plus sévères. Puis, un an plus tard, ils m'ont condamné à 10 ans de prison. La lenteur de la procédure nous inflige une pression psychologique terrible.» Il poursuit: «Bien entendu nous avons fait appel, et il nous a fallu attendre encore trois longues années avant d'apprendre que notre appel était rejeté, sans même que mon avocat n'ai pu s'exprimer devant un juge.»

À cette sentence injuste s'ajoutent les conséquences d'une condamnation. Un casier judiciaire signifie l'impossibilité d'obtenir un permis de travail. 

«Nous prions pour nos dirigeants»

Ils ont donc décidé de prendre la fuite. Elle intervient deux semaines seulement après celle de Victor Bet-Tamraz et de sa femme Shamiram Issavi, maintenant en sécurité. Kavian et Amin avaient été arrêtés en même temps que le pasteur bet-Tamraz alors qu'ils célébraient Noël chez lui en décembre 2014. Hadi était arrêté en août 2016. Tous les cinq avaient appris au même moment que leur appel avait été rejeté.

Dans un message, Amin a fait savoir que Kavian, Hadi et lui-même se trouvaient également en sécurité mais que son pays lui manquait. «J'ai déjà voyagé à l'étranger mais je n'avais jamais envisagé l'exil. Nous autres chrétiens, nous essayons d'être de bons citoyens mais le pouvoir nous harcèle et nous persécute. Malgré tout, nous prions pour nos dirigeants, et nous leur pardonnons ce qu'ils nous infligent.»

Source: Article 18