Quatre ans après l'enlèvement de 276 lycéennes par Boko Haram à Chibok, de nombreuses jeunes filles sont encore détenues. Des nouvelles viennent de parvenir à leurs parents. Plusieurs se trouvent dans deux villages au Nord du Cameroun et elles sont devenues (sous la contrainte) les épouses des combattants islamistes de Boko Haram. 

Ce sont les évadées qui donnent des nouvelles

Jumai, jeune femme de 35 ans, a été capturée avec ses 6 enfants en avril 2014 presqu’en même temps que les élèves de Chibok. Elle et ses enfants sont aujourd’hui en liberté, grâce à l’intervention de son fils aîné, lui-même membre de Boko Haram. Lorsque Jumai est revenue chez elle (non loin de Chibok) et que les parents des filles enlevées en 2014 l'ont appris, ils se sont précipités vers elle pour avoir des nouvelles. Ils ont passé plus d’une heure à l'interroger.

Jumai a pu identifier l'une des filles, Aisha, ainsi que 6 autres filles avec qui elle était détenue. D'autres femmes évadées des prisons de Boko Haram ont aussi rapporté que les filles vivaient dans 2 villages au Nord du Cameroun :

«Sept des filles de Chibok enlevées sont à Garin Magaji, tandis que 50 autres sont détenues à Garin Mallam, où elles vivent avec leur mari et leurs enfants.»

Les parents veulent que le gouvernement passe à l'action

Les parents s'attendent maintenant à ce que les autorités nigérianes «passent à l'action», d’après Yakubu Nkenke, président de l'Association des Parents des Filles de Chibok. Ils ont appelé le président Muhammadu Buhari à collaborer avec son homologue camerounais pour libérer les filles. Lawal Zannah, le père d'Aisha, a dit à l’agence de presse Reuters :

«Maintenant que nous avons confirmé que nos filles sont vivantes, nous les supplions d'essayer de les sauver.»

Déjà plus de 4 ans

C’est le 14 avril 2014, vers 22h, que des membres présumés de Boko Haram débarquaient à Chibok à bord de 7 camionnettes Hilux Toyota. Certains agresseurs ont incendié des locaux du gouvernement et d'autres bâtiments; d'autres ont kidnappé au moins 276 des étudiantes de l'école secondaire supérieure. Les filles, âgées de 16 à 20 ans, ont été regroupées dans des camions et conduites dans la forêt proche de Sambisa.

L’antenne locale de l’Association chrétienne du Nigeria (CAN) dans l'État de Borno avait décrété 3 jours de prière et de jeûne en leur faveur. Pour l'occasion, le collectif «Bring Back Our Girls» avait été fondé pour éviter que le sort des lycéennes ne tombe dans l'oubli.

En 2017, 106 d’entre elles, libérées, ont pu reprendre leurs études et ont été autorisées à revoir leur famille.

Chibok est une enclave chrétienne dans l'État de Borno à prédominance musulmane, au Nord-Est du Nigéria. La plupart des familles touchées par les enlèvements de jeunes filles sont membres de «l'Ekklesiyar Yan'uwa a Nigeria (EYN)», l'Église des Frères au Nigeria. Pour beaucoup, l'enlèvement des filles des écoles est une attaque directe contre les chrétiens.