Aujourd'hui, Blessing se remet doucement de ses blessures, mais elle est toujours traumatisée. Son père, lui aussi, reste profondément choqué par la perte de sa famille.

Blessing Kogi est une chrétienne de 23 ans. Le jeudi 27 septembre, l’étudiante rentrait chez sa grand-mère au quartier résidentiel de Rukuba Road, dans la banlieue Sud-Ouest de Jos, la capitale de l'État du Plateau du Nigéria.

12 membres de cette famille, de confession chrétienne, étaient réunis pour le dîner ce soir-là, lorsque des hommes armés ont fait irruption dans la maison vers 19h et ont tiré des coups de feu au hasard. «Nous étions en train de manger quand soudain, ils sont entrés et ont ouvert le feu», affirme Blessing, avant de poursuivre : 

«Je suis tombée par terre et j'ai fait la morte, mais l'un d'eux est quand même venu vers moi et a tiré deux balles, sur mon cou et mon épaule.»

Blessing constate qu’elle peut encore bouger, et part dans la chambre se cacher sous le lit. Deux cousines réussissent à la rejoindre. L'une d'elle est violée et tuée. L'autre, qui a reçu 3 balles, a aussi survécu.

3 autres personnes ont été assassinées dans une autre maison et 2 ailleurs. Le bilan fait état de 15 morts. Il y a eu 5 personnes blessés: Blessing, sa cousine, et 3 enfants d’une autre maison.

Les assaillants étaient venus pour tuer

La jeune chrétienne sait que les assaillants étaient en mission pour tuer, mais ne comprend pas pourquoi sa famille avait été visée.

Dans son témoignage, Blessing rapporte que certains portaient des uniformes de l'armée, et d'autres étaient vêtus de noir. Les hommes en noir parlaient le haoussa et le peul, tandis que les autres portant des uniformes de l'armée parlaient correctement l'anglais. Alors qu'ils s'apprêtaient à partir, les individus armés en uniforme de l'armée ont dit : «Nous avons fini notre travail ; ils devraient venir nous payer.»

L'inaction des forces de l'ordre

A Jos, des dizaines de personnes ont perdu la vie entre le 27 et le 30 septembre. Bon nombre de propriétés ont été pillées ou détruites. 

Lors de l'assaut du 27 septembre, bien que le quartier soit situé non loin des casernes militaires de Rukuba, il n’y a eu aucune intervention policière ou militaire. Face à cette inaction, une manifestation a eu lieu le lendemain de l’attaque, et la foule a pu faire entendre son mécontentement. En réponse, le gouvernement a imposé un couvre-feu du crépuscule à l'aube.