Cela s'est passé le 18 octobre, à Karachi, au Pakistan. Ali Azhar, un musulman de 44 ans, a enlevé Arzoo, une jeune chrétienne de 13 ans. Deux jours après l'incident, la police informe le père d'Arzoo que le ravisseur a présenté un certificat de mariage. Celui-ci indique qu'Arzoo a 18 ans et certifie qu'elle s'est convertie à l'Islam. Deux semaines plus tard, la Haute Cour du Sind accorde la garde d'Arzoo au kidnappeur. En raison de manifestations, les juges ordonnent finalement à la police lundi 3 novembre d'assurer la libération de la jeune fille. Un signal positif pour la minorité chrétienne, rarement défendue par la justice au Pakistan.

Pour une décision judiciaire qui protège des abus 

Les chrétiens de l'entourage d'Arzoo s'inquiètent de savoir s'ils pourront bénéficier d'un procès équitable et si leur famille sera suffisamment protégée. Un contact sur place explique: «Les chrétiens du Pakistan aiment leur pays. Beaucoup d'entre eux s'engagent pour son développement. Ils prient sincèrement que justice leur soit rendue dans les prochains jours, et que les tribunaux créent un précédent clair. Une telle décision permettrait de clarifier que les enfants, quelle que soit leur appartenance religieuse, seront à l'avenir protégés contre les abus [...] conformément aux lois du pays qui limitent leur mariage. Arzoo est le visage de beaucoup d'autres enfants mariés de force.»

Libre, la jeune fille n'a cependant pas encore pu retourner auprès de sa famille. Elle est actuellement détenue par l'État, qui assure sa prise en charge. 

Appartenance à l'islam irrévocable 

Lors d'une première audience au tribunal, Arzoo a récité la profession de foi de l'islam et a témoigné qu'elle était désormais musulmane. Les chrétiens locaux indiquent qu'elle a également déclaré avoir 18 ans et donc l'âge légal du mariage. «C'est un coup dur pour les chrétiens du pays», a commenté un dirigeant chrétien. «Ses réactions, ses réponses et son comportement sont ceux d'un enfant qui a subi un lavage de cerveau.»

Le tribunal a ordonné des examens médicaux pour confirmer l'âge de la jeune fille. Ceux-ci pourraient prouver la minorité d'Arzoo et confirmer les déclarations de ses parents. Mais même si le tribunal annulait le mariage forcé et rendait la fille à ses parents, elle ne pourrait pas reprendre sa vie normale. Selon les avocats, elle resterait officiellement musulmane. «La situation est très tendue. Nous sommes heureux de la récente décision du tribunal de faire arrêter l'homme qui a enlevé, maltraité et forcé Arzoo à se marier. Mais il pourrait y avoir des troubles publics et des violences parce qu'elle a avoué être musulmane», relaient des chrétiens de l'entourage de la jeune fille pakistanaise.