Alors que la pandémie du coronavirus sévit dans son pays, Rose apprend que le gouvernement va organiser une distribution d’aide dans son village. «C’est la réponse à mes prières», pense joyeusement cette veuve ayant 3 enfants, vivant au Nigéria.

Pourtant, le jour de la distribution, Rose ne reçoit rien. 

«Tous nos espoirs se sont évanouis. Nous n’avons reçu aucune nourriture!». 

La raison? Rose est chrétienne. Or, elle vit dans une région majoritairement musulmane.

On a refusé l'aide à Rose et ses enfants car ils sont chrétiens

Cet exemple n’est pas unique: dans plusieurs pays, au cours de la crise du Covid-19, des chrétiens se sont vu refuser l’aide gouvernementale à cause de leur foi. Comme Rose, il s’agit souvent de nouveaux convertis qui ont abandonné leur ancienne religion. Dans leurs villages, ces chrétiens sont boycottés: ils ne peuvent avoir droit aux services locaux et aux infrastructures publiques! De plus, ces personnes occupent principalement des emplois journaliers. La pandémie laisse apparaître une nouvelle forme de persécution.

Dans les régions rurales, les gouvernements délèguent aux chefs de village la responsabilité de la distribution de nourriture. Ces chefs de village décident ainsi de qui pourra bénéficier, ou non, de cette aide. Les chrétiens étant considérés comme des citoyens de seconde zone, des traîtres ou des infidèles, l’aide leur est souvent refusée.

Dans certains endroits, les leaders musulmans ou hindous font du chantage aux chrétiens: «Revenez à votre ancienne foi et vous aurez de la nourriture!» 

Voici ce qu’il se passe dans huit pays où les chrétiens vivent cette nouvelle forme de persécution au seul motif de leur foi.

1/ Inde: les chrétiens bannis de la société

        Pour les chrétiens qui vivent dans des villages hindous, la persécution était déjà très forte avant la pandémie. Des partenaires de Portes Ouvertes, Heena et Samuel (pseudonymes), racontent:

        «Imaginez la vie de ces gens. Ils sont boycottés par la société. Ils ne peuvent aller dans les magasins du village ou puiser de l’eau dans le puit. Ces chrétiens doivent se rendre dans d’autres villages plus tolérants à leur égard ou chez d’autres chrétiens pour s’entraider. Avec le confinement, beaucoup ont perdu leur emploi et le village a refusé de leur distribuer de la nourriture. Même avec une carte de rationnement, ils n’auront rien.»

        Les partenaires locaux de Portes Ouvertes en Inde ont rencontré de nombreux cas de ce genre. En voici quelques uns parmi tant d’autres:

        • Depuis que Nathan (pseudonyme) et sa famille (6 personnes) se sont tournés vers Christ, aucune nourriture ou colis d’aide d’urgence ne leur a été donné. Nathan est handicapé, ce qui restreint largement ses possibilités de travailler.
        • Un autre croyant, Gerard (pseudonyme), s’est fait expulser de son village car il a abandonné l’hindouisme. Après plusieurs mois, il est revenu dans sa maison. Tout le village a reçu des rations de nourriture sauf Gerard.
        • Adrian (pseudonyme) est un travailleur journalier. A cause de sa foi en Jésus, aucune ration de survie ne lui est parvenue alors que tous ses voisins en ont eu.
        • Davina (pseudonyme) est victime de cette même discrimination. Cette femme âgée a neuf personnes à sa charge et est veuve.

        Les exemples de ces persécutions en Inde se multiplient de jour en jour.

        2/ Malaisie: une question de vie ou de mort

        Les chrétiens de ce pays à majorité musulmane souffrent d’une double persécution dans les zones rurales. Avant la crise du Covid-19, les chrétiens étaient déjà maltraités à cause de leur conversion de l’islam au christianisme. Désormais, ils doivent aussi se battre pour survivre, en plus de tenir ferme dans leur foi.

        Un partenaire local, Sam(pseudonyme), raconte cette histoire déchirante concernant plusieurs jeunes Malais qui se sont récemment convertis dans une région très reculée de l’Est de la Malaisie:

        «Pour atteindre leurs villages, nos partenaires devaient voyager pendant quatre heures en bateau puis encore deux heures à pied à travers la jungle. Avec le confinement, il était impossible de rejoindre ces endroits. Le mois dernier, lorsque les transports ont repris, nos partenaires se sont à nouveau rendus dans leurs villages pour encourager ces jeunes chrétiens et leur donner de la nourriture. En arrivant, ils ont appris que plusieurs jeunes sont retournés à l’islam pour pouvoir manger.» Sam ajoute:

        «Le seul endroit où la nourriture était distribuée est la mosquée du village. Lorsque les jeunes sont allés chercher de la nourriture pour leurs familles, on leur a demandé de revenir à l’islam pour avoir cette nourriture.»

        Sam souligne que nos partenaires continuent de rendre visite à ces jeunes, dans l’espoir de les voir, un jour, revenir à Christ.

        «Ils n’ont pas de nourriture et la seule nourriture qu’ils peuvent avoir est dans la mosquée. La situation était inextricable. Pour aider leurs familles à survivre, plusieurs jeunes ont donc fait ce choix de revenir à l’islam.»

        3/ Bangladesh: «Cette aide ne vous concerne pas»

        Les inondations au Bangladesh renforcent les difficultés des chrétiens

        En plus des dégâts causés par le cyclone Amphan et des nombreuses inondations, les chrétiens du Bangladesh ont aussi été exclus des distributions d’aide du gouvernement.

        Dans ce pays à majorité musulmane, aux frontières de l’Inde et du Myanmar, le gouvernement a offert une assistance à sa population durant la pandémie de coronavirus. Mais certains chrétiens, et surtout ceux d’arrière-plan musulman ou bouddhiste des régions reculées, n’ont rien reçu.

        «Ils ne reçoivent rien car l’aide est distribuée par les dirigeants locaux. Or, déjà en temps normal ces chefs de villages les persécutent. Lors des distributions, les chefs de village disent aux chrétiens: "Vous êtes chrétiens donc cette aide ne vous concerne pas!"», explique Sam.

        Dans ces régions très rurales, le manque de nourriture peut avoir des conséquences dramatiques sur le développement de l’Église locale.

        «Dans ces sociétés tribales, la vie en communauté est essentielle. Personne ne peut survivre en dehors de ces communautés. La foi des nouveaux convertis est très fragile et a besoin d’être renforcée. Si les chrétiens n’ont pas les moyens de survivre, soit ils retournent à l’islam, soit c’est la mort!»

        4/ Vietnam: «Vous n’êtes pas sur la liste»

        Le confinement a aussi créé des situations difficiles pour les chrétiens des régions du Nord et du Centre du Vietnam. Dans ces régions reculées, la vie est un combat constant contre le manque de nourriture. «Les chrétiens n’ont qu’un peu de riz comme nourriture, chaque jour», témoigne Nguyen Van Quan (pseudonyme), partenaire de Portes Ouvertes.

        Après avoir décrété un confinement général dans tout le pays, le gouvernement du Vietnam a distribué une aide alimentaire aux villages ruraux pour les familles ayant de maigres revenus ou ayant perdu leurs emplois.

        Lorsque 18 familles chrétiennes (107 personnes au total) du Nord du Vietnam sont venues chercher leur part, les autorités locales leur ont répondu: «Vous n’êtes pas sur la liste.»

        «Ils étaient si heureux de savoir qu’ils avaient droit à cette aide. Et soudain, on leur dit: «Vous êtes chrétiens donc votre Dieu prendra soin de vous. Le gouvernement n’est pas responsable de vos familles!», explique Nguyen.

        Mais la persécution ne s’est pas arrêtée là! Lorsque nos partenaires ont appris cette injustice, ils ont expédié des gros sacs de riz pour être distribués dans ces familles chrétiennes. Mais les autorités s’en sont rendu compte. Pendant une distribution de riz chez un chrétien, les chefs du village lui ont demandé d’arrêter et de quitter immédiatement le village.

        «L’un de nos partenaires, le pasteur Foom (pseudonyme), s’est courageusement interposé face aux autorités. Il leur a dit: "Notre église distribue ce riz à ceux qui en ont besoin dans ces temps difficiles. Puisque vous leur interdisez de recevoir l’aide du gouvernement à cause de leur foi, notre église a décidé de les aider. Pourquoi voudriez-vous nous empêcher de les aider?"», raconte Nguyen.

        Les partenaires de Portes Ouvertes ont dû stopper la distribution de riz. Ils se sont rendus dans un village voisin, chez un chrétien, pour y entreposer cette aide. Des membres des 18 familles sont venus discrètement pour recevoir leur sac.

        5/ Philippines: pas d’aide pour les chrétiens

        Comme au Vietnam, les chrétiens des Philippines ont été exclus des distributions d’aide durant le confinement. Dans un village du Sud du pays, tout le village a reçu son colis sauf la seule famille chrétienne.

        «Quand nos équipiers sont arrivés sur place pour aider cette famille, les chefs du village voulaient les attaquer. Ces chefs ont aussi accusé les chrétiens d’être à l’origine de la pandémie», précise Sam.

        Un autre équipier local de Portes Ouvertes ajoute: 

        «Nous recevons énormément de messages de croyants qui meurent de faim car ils n’ont pas eu l’aide gouvernementale.»

        6/ Éthiopie: l’Église en difficulté

        Le pasteur Adane (pseudonyme) nous fait part de ses craintes: «l’Église traverse des temps très difficiles dans l’Est du pays.» A cause du Covid-19 et de ses conséquences sur les conditions de vie, le quotidien était déjà compliqué. En plus de la pandémie, des nuages de criquets ont ravagé les champs de toute l’Afrique de l’Est.

        Le gouvernement a organisé des distributions d’aide d’urgence mais certains chrétiens ont été ignorés durant ces distributions.

        Le pasteur Adane témoigne de la situation difficile

        «L’État a fait plusieurs distributions dans notre région. Pour recevoir cette aide, il fallait s’enregistrer. Or, les protestants ont été rejetés de ces inscriptions, surtout ceux qui ont un arrière-plan musulman. Aucun chrétien de notre région n’a reçu d’aide. Nous avons demandé aux croyants des zones urbaines et rurales: personne n’a rien eu», déplore Adane.

        La pandémie a grandement fragilisé les églises locales. Ces églises venaient en aide aux fidèles persécutés qui ont perdu leur emploi et qui sont mis à l’écart de leur communauté à cause de leur conversion. Les chefs locaux interdisent qu'on ne leur vende quelque chose. Les autorités locales leur refusent l’aide car ils pensent qu'ils reçoivent de l’aide provenant d’autres chrétiens. Or, les églises n’ont plus rien à leur donner.

        En l’absence d’aide, les croyants sont dans la misère, à l’image d’Ebrahim (pseudonyme). Ce père de famille est fermier. A cause des invasions de criquets, toute sa récolte a été détruite. Lorsqu’il s’est rendu à l’inscription pour recevoir de l’aide, il a été chassé. «Infidèle», lui criait-on.

        La seule manière d’obtenir de l’aide pour Ebrahim est de revenir à l’islam. Sa belle-famille fait pression sur sa femme pour qu’elle revienne aussi à l’islam, plutôt que de souffrir en tant que chrétienne.

        «Il n’a rien pour nourrir sa famille, et son entourage le presse de revenir à l’islam pour avoir de l’aide», résume Adane. «L’Église d’Éthiopie est en grande difficulté.»

        7/ Pays du Golfe: «Cette nourriture a été payée par les impôts islamiques»

        Aux yeux de la majorité de la population de ce pays du Golfe (non-précisé pour des raisons de sécurité), les chrétiens sont considérés comme des moins que rien. Hanna (pseudonyme), partenaire de Portes Ouvertes dans ce pays, a elle-même expérimenté la discrimination.

        Elle raconte: «J’ai contacté une agence responsable de la distribution d’aide d’urgence pour qu’elle vienne en aide aux chrétiens. L’homme au bout du téléphone a violemment rejeté ma demande: "Cette nourriture a été payée par les taxes islamiques. Les chrétiens sont donc exclus de la distribution. Par contre, nous embauchons des chrétiens pour faire les distributions."»

        Hanna a enquêté sur le salaire de ces emplois et elle a découvert qu’ils étaient extrêmement bas.

        «Les chrétiens sont reconnaissants d’avoir un emploi. En même temps, ils sont conscients du danger qu’ils prennent. À tout moment, ils peuvent attraper le Covid-19.»

        Un jeune homme lui racontait: 

        «Nous avons toujours été marginalisés à cause de notre foi. Pourquoi cela changerait-il aujourd’hui? Nous pouvons aider nos prochains en participant aux distributions.»

        Tout au long de la crise du Covid-19, Hanna a pu rendre visite aux chrétiens de ce pays. Ils sont unanimes: «Nous ne souffrons pas à cause du virus, du confinement ou de la faim. Nous souffrons pour l’amour de Jésus. Il ne s’agit pas de discrimination sociale mais de persécution religieuse!»

        8/ Nigéria: des rations six fois plus petites pour les chrétiens

        A quelques milliers de kilomètres, au Nigéria, nos équipes font état des mêmes cas d’injustice envers les chrétiens. Alors que les musulmans reçoivent de grandes quantités de nourriture, les chrétiens doivent se contenter des restes. Comme en Asie du Sud, la majorité des chrétiens sont des journaliers. Avec le confinement, les conditions de vie des populations de cette région se sont durcies. Les chrétiens ne peuvent plus travailler et donc pourvoir aux besoins de leurs familles.

        Dans le Nord du pays, dans la région de Kaduna, soumise à la charia, les chrétiens des villages de Ungwan Boro, Sabon Tasha, Barnawa et Naraye déclarent avoir reçu des portions six fois plus petites que leurs voisins musulmans.

        Un pasteur de cette région, le pasteur Sulu, nous partage ce qu’il a vu et entendu lors de la distribution dans son village de Kaduna:

        «Dans les régions majoritairement chrétiennes du pays, les chrétiens ont au plus reçu deux sacs de pâtes, un bol de riz et une fiole d’huile. Les régions majoritairement musulmanes ont perçu beaucoup plus de sacs de riz, de pâtes et d’autres choses encore, que les régions chrétiennes. Les chrétiens n’ont pas assez de nourriture.»

        Le chaos règne lors des distributions, pour obtenir une maigre quantité de nourriture. Cette nourriture est lancée à la foule par les personnes en charge de sa distribution.

        «Plusieurs chrétiens ont perdu connaissance et ont été piétinés lors des distributions de ce genre. Ce n’est pas simplement de la discrimination, c’est aussi une forme de persécution envers les chrétiens. Nous prions le Seigneur afin qu’il nous aide et que nous soyons aidés», ajoute le pasteur.

        L’aide apportée par Portes Ouvertes

        Par le biais des partenaires locaux et dans la mesure du possible, Portes Ouvertes a distribué des denrées alimentaires aux chrétiens qui se sont vu refuser toute aide, à cause de leur foi en Jésus. 

        L'aide est acheminée par bateau en Malaisie

        Ce travail aurait été impossible sans nos partenaires locaux, qui ont servi premièrement de correspondants en récoltant les témoignages de persécution. Puis, dans un deuxième temps, ces partenaires sont revenus vers ces chrétiens persécutés avec de la nourriture.

        Dieu a ouvert les portes à nos équipes pour qu’elles puissent apporter cette aide, malgré les risques. En effet, les restrictions liées à la pandémie, les risques sanitaires, la surveillance accrue ou encore l’hostilité envers les chrétiens auraient pu mettre à mal toute tentative d’aider nos frères et sœurs.

        Rien qu’en Asie, plus de 100.000 chrétiens persécutés ont reçu une aide d’urgence, grâce aux équipes locales de Portes Ouvertes et des réseaux locaux de partenaires. Environ 18.500 familles chrétiennes ont perçu un colis d’aide d’urgence contenant de la nourriture et des produits médicaux et hygiéniques. Chaque kit permet à une famille de vivre pendant environ deux mois.

        «Grâce à votre soutien et vos prières, l’Église persécutée d’Asie a pu traverser cette crise», remercie Sam. «Beaucoup de chrétiens auraient pu mourir de faim ou abandonner la foi pour revenir à leurs anciennes croyances, sans ce soutien.»

        «Un grand merci à toutes les personnes qui nous ont aidé dans le monde entier. Grâce à vous, il y aura toujours des églises après la pandémie dans de nombreux endroits de l’Asie.»

        Lorsque nos équipes ont appris que les chrétiens recevaient des portions six fois plus petites, une distribution a été organisée pour les aider. Nos équipiers et partenaires y travaillent pour apporter une aide à 9.000 familles en Afrique.

        Dans les pays du Golfe, des sacs de riz ont été distribués aux chrétiens qui étaient sans nourriture. Ce n’est pas seulement une aide matérielle, comme l’explique Hana. C’est aussi une lueur d’espoir.

        «Lors des distributions, les familles nous invitent chez elles. Ces gens aspirent à la communion fraternelle qui leur a manqué ces derniers mois, à cause de la crise. Les chrétiens savent que nous sommes avec eux. Cela leur rend une part de dignité, eux qui sont traités comme des moins que rien dans leur pays», conclut Hana.

        «Nous ne pouvons pas nous arrêter»

        Dans le monde entier, le besoin subsiste: dans les prochains mois, Portes Ouvertes espère pouvoir aider entre 25 et 50.000 chrétiens supplémentaires.

        «Grâce à la générosité des donateurs, nous avons pu aider deux fois plus de personnes que prévu», affirme le directeur de Portes Ouvertes en Asie. «Mais il reste des milliers de familles qui sont en danger car elles n’ont plus de revenus ou de nourriture.»

        Le directeur de Portes Ouvertes en Afrique de l’Est ajoute: «Si l’Église persécutée n’est pas aidée à cet instant précis, l’ennemi risque de faire des gros dommages parmi les chrétiens. Pour ceux qui sont faibles, il sera difficile de tenir ferme.»

        La prière du juste est puissante et efficace. Continuons à prier pour nos frères et sœurs persécutés.