L’église « Light Korean Presbyterian Church », une importante église de Toronto au Canada était dans la joie ce dimanche 13 août 2017. Son pasteur, Hyeon Soo Lim était enfin de retour après plus de deux ans passés dans un camp de travail nord-coréen où il avait été condamné à la détention à vie à cause de sa foi.

Un immense sentiment de solitude

« Depuis mon premier jour de détention (fin janvier 2015) jusqu’au jour de ma libération, j’ai pris 2 757 repas seul. C’était dur d’imaginer quand et comment cette épreuve se terminerait », raconte Lim. Ce dont il se souvient surtout, c’est un immense sentiment de solitude.

Les travaux forcés ont détérioré sa santé

« L’hiver, je devais creuser des trous d’un mètre de largeur sur un mètre de profondeur. Le sol était gelé. La boue était tellement dure qu’il fallait deux jours pour creuser un trou. C’était un travail très dur. Je transpirais mais mes doigts et mes orteils étaient gelés. J’ai aussi travaillé dans un endroit où l’on entreposait du charbon, qu’il fallait casser en morceaux. Au printemps et en été, je travaillais dehors huit heures par jour, sous un soleil de plomb, gardé constamment par deux gardes. »

Lim raconte comment ce dur travail physique a détérioré sa santé. Il a perdu près de 23 kilos et il a été hospitalisé quatre fois. La première hospitalisation a duré deux mois.

Pas un seul jour de tristesse

Lim savait que les gens priaient pour lui et dans la journée, le sentiment de solitude et d’isolation se métamorphosait en « un sentiment de solitude paisible avec Dieu ».

« Alors que je travaillais, je priais sans cesse. Je n’ai pas eu un seul jour de tristesse. Les moments de découragement, de ressentiment, de contestation se changeaient en courage, en joie et en action de grâce. »

700 versets mémorisés

Il raconte qu’après presqu’un an de détention, des amis de son église au Canada lui ont envoyé une Bible en coréen et une autre en anglais. Aussi incroyable que cela puisse paraître dans le pays considéré comme le plus opposé à la pratique de la foi chrétienne, ses gardes lui ont permis de les garder. Il a lu entièrement la bible en coréen quatre fois et la bible en anglais une fois et il a mémorisé plus de 700 versets.

Le dimanche était jour de repos, il a passé 130 dimanches à louer Dieu pendant les 8 heures de la journée. Il a également écrit cinq nouveaux cantiques en coréens dont certains ont été chantés par son église de Toronto par des paroissiens émus jusqu’aux larmes.

Lisa Pak, une des assistantes du pasteur explique : « le pasteur Lim n’avait pas le droit d’écrire pendant sa détention. Pour compenser, il s’est efforcé de mémoriser chaque détail, c’est comme cela qu’il a retenu le nombre exact de repas qu’ il a pris seul et le nombre de dimanche qu’il a passés seul, à adorer Dieu. »

Arrêté en 2015 pour diffamation envers King Jong-Un

Tout a commencé en 1997 quand l’église du pasteur Lim a réalisé combien les Nord-Coréens souffraient de la faim. Avec l’aval du gouvernement canadien, l’église a lancé un programme à destination de la Corée du Nord qui s’est traduit par des millions de dollars d’investissement dans des œuvres caritatives en Corée du Nord. L’église du pasteur Lim a ouvert des orphelinats, des maisons d’accueil pour les personnes âgées, des usines fabriquant des pâtes et du tofu, des projets dans le domaine de l’éducation et de l’agriculture.

Lim s’est rendu plus de 110 fois dans le pays pour superviser tout cela. Il ne comprend toujours pas pourquoi, brusquement, en janvier 2015 il a été arrêté, accusé de « diffamer King Jong-Un », ce qu’il nie, et condamné à la détention à vie en camps de travaux forcés.

Soudainement relâché cet été

Lim ne sait pas non plus pourquoi il a soudainement été relâché cet été « pour raison de santé ». Des diplomates suédois ont aidé à sa libération, car le Canada n’a pas d’ambassade en Corée du Nord. Lim n’a appris sa libération 15 minutes seulement avant de quitter le camp. Il a atterrit à Toronto le 12 août.

À la grande surprise de Lim, le médecin qui l’a examiné a déclaré qu’il ne souffrait d’aucune pathologie. Pour lui, c’est le résultat des prières de son église et des chrétiens du monde entier. Visiblement en bonne santé et heureux, il est descendu de l’avion sans avoir besoin d’aide, et a embrassé sa femme, son fils et sa petite-fille d’un an qu’il voyait pour la première fois.

Son retour à l’église le lendemain a été l’occasion d’une belle et joyeuse célébration.