Aujourd’hui, les pasteurs Vogbia et Bogolo n’ont plus de rancune. Et pourtant… « Chaque fois que je passe près de l’endroit où vivait ma famille, je me sens mal. Les plantes sauvages ont envahi les ruines. Mais j’ai besoin de surmonter ma colère et d’agir avec amour envers mes frères musulmans », confie Jean-Éric Vogbia, lui-même d’arrière-plan musulman.

« Avec Dieu, un nouveau départ est possible »

« Avec Dieu, un nouveau départ est possible. » C’est ce qu’affirme Gilbert Bogolo. Son église se réunit sous une tente dressée dans l’arrière-cour de la maison d’un des membres. « Ce n’est plus l’affluence comme avant, mais les chrétiens qui sont restés sont plus engagés que jamais. Chaque dimanche, les dons traduisent leur détermination », reconnaît-il. L’assemblée a acheté une nouvelle parcelle de terrain et envisage d’y construire un autre bâtiment.

« Ce qui est arrivé, c’était pour me faire taire »

« Les rebelles ont voulu me punir. Ils ont voulu me réduire au silence, moi le prédicateur par qui les musulmans se convertissent au christianisme », reprend le pasteur Vogbia. L’idéologie des extrémistes islamiques alimente encore la violence entre les communautés, et beaucoup ont été entraînés dans cette spirale.

Les cicatrices se referment lentement

Ces deux pasteurs vivaient dans le quartier PK5 de Bangui, un secteur à majorité musulmane. Le 5 décembre 2013, ils ont fait partie des premières cibles des combattants de la Séléka. Jean-Eric Vogbia se souvient : « Mon téléphone a sonné à 8h. Les militants m’ont annoncé qu’ils venaient de tout détruire chez moi et de mettre le feu à la maison. À midi, un nouvel appel disait que mon fils aîné avait été abattu. » Malgré le suivi post-traumatique, l’épouse du pasteur Vogbia n’est pas complètement guérie.

En s’appuyant sur Dieu, Jean-Eric Vogbia et Gilbert Bogolo se sont engagés à travailler pour la réconciliation entre chrétiens et musulmans en privilégiant le dialogue.