
Depuis le coup d’État militaire de 2021, le Myanmar (Birmanie) est plongé dans une spirale de violence et d’instabilité renforçant la persécution. Parmi les nombreuses victimes silencieuses de cette crise: les chrétiens. Le parcours du pasteur Yang (pseudonyme) illustre parfaitement la situation d’une crise dont on parle si peu.
Avant la pandémie et le chaos, Yang était un jeune pasteur énergique, plein d’enthousiasme pour son ministère. Marié peu de temps avant le coup d’État, il menait une vie simple avec sa femme. Mais le jour où la junte a pris le pouvoir a marqué un tournant. Alors qu’ils rentraient du marché, un contrôle policier les a ciblés à cause de simples photos de manifestations prises par son épouse. Suspecté d’incitation à la révolte car Yang était responsable d'un groupe de jeunes, il a alors compris que leur sécurité n’était plus garantie. Ils ont fui la ville dès les jours suivants.
La dictature militaire n’est pas une nouveauté pour les Birmans. Mais les chrétiens, en particulier, ont toujours été une minorité vulnérable, régulièrement victimes de discriminations, d’interdictions administratives et, désormais, de violences armées. Les autorités exigent des autorisations complexes pour les cultes et ferment les églises sous prétexte de nuisances sonores. Quand les églises ne sont pas fermées, elles sont ciblées et bombardés par les milices radicales qui pillent aussi les maisons et harcèlent les croyants.
Servir malgré le danger
Le danger vient aussi de groupes radicaux proches de la junte. Ces milices armées pillent, menacent, séquestrent. Des fidèles de l’église du pasteur Yang ont été humiliés, braqués à bout portant, et dépouillés. Lui-même a vu sa maison fouillée à deux reprises, sa moto et ses économies emportées. Contraints de fuir encore une fois, lui et sa famille vivent dans une précarité extrême, marquée par la peur, les traumatismes, et l’instabilité constante.
Malgré tout, le pasteur Yang persiste dans sa mission. Dans chaque ville où il s’installe, il cherche à bâtir une nouvelle communauté, à organiser des cultes et des temps de prière, et à soutenir les croyants déplacés. Il a récemment bénéficié d’une formation pour faire face à la persécution, et anime désormais des ateliers pour d’autres responsables d’églises.
Mais cela n’est pas sans risque. Un jour, alors qu’il se rendait à une formation avec d’autres pasteurs, leur groupe a été intercepté par des soldats. Ils ont été forcés de descendre de leur véhicule, de s’agenouiller au bord de la route, pendant que des armes étaient pointées sur eux. Les militaires ont fouillé leurs sacs et les ont interrogés de manière agressive. Yang a compris qu’un mot de travers pouvait leur coûter la vie. Gardant son sang-froid, il a répondu calmement, expliquant qu’ils se rendaient à une réunion religieuse.
Par la grâce de Dieu, ses réponses ont semblé convaincantes. Après de longues minutes de tension, ils ont été relâchés. Yang sait désormais qu’à chaque déplacement, il met sa vie en jeu. Mais cela ne l’empêche pas de continuer à former et encourager les croyants dans les zones les plus vulnérables.
Fatigué, mais toujours debout
Les séismes de mars 2025 n’ont fait qu’aggraver la situation pour les chrétiens du pays. Le pasteur Yang, s’il n’a pas été touché par la catastrophe, ne cache pas son épuisement, ni sa douleur de ne pouvoir protéger totalement sa femme et ses enfants. Mais sa foi demeure. Chaque soir, sa famille prie ensemble et lit le Psaume 23. Il croit en un avenir libre pour son pays:
«Mon rêve est qu’un jour, nous puissions annoncer l’Évangile et adorer librement.»
Sujets de prière
- Prions Dieu de pourvoir aux besoins des chrétiens déplacés au Myanmar en nourriture, en abri, et en autres nécessités de base.
- Prions pour la sécurité du pasteur Yang alors qu’il continue de se déplacer dans différentes régions pour former et soutenir les chrétiens.
- Prions pour la paix au Myanmar; que les attaques et les tueries cessent.