Une barrière de pneus en feu qui bloque une artère principale, la foule en colère qui exige la pendaison publique de l’auteur d’un blasphème, ce scénario de tous les dangers s’est à nouveau produit lundi soir 19 février à Lahore (Pakistan), 15 millions d’habitants, où vivent environ 500 000 chrétiens. Craignant des émeutes au moins 800 familles chrétiennes ont fui le quartier de Shahdara pour se réfugier chez des proches.

Un post sur Facebook met le feu aux poudres

Tout est parti d’une photo postée il y a quelques semaines par Patras Masih (22 ans), qui aurait manqué de respect au prophète Mahomet. Patras, qui compte des chrétiens et des musulmans parmi ses amis, a refusé d’effacer le message. Sa mère raconte la suite : « Dimanche, trois hommes sont venus avec la photo de mon fils, en demandant s’il était à la maison. Comme il était absent, quatre garçons sont arrivés plus tard, toujours à sa recherche. Le lendemain matin, alors que Patras était parti travailler, la police a frappé à la porte.»

L’oncle de Patras poursuit : « Dès 7h des gens ont commencé à se rassembler devant le domicile familial. J’ai compris que cela commençait à chauffer. Des hommes ont alors menacé de mettre le feu à la maison. »

Tentative d’apaisement

La police est arrivée accompagnée de plusieurs responsables religieux pour négocier avec les meneurs. Les policiers ont obtenu que la rue soit dégagée dans la soirée, mais la foule continuait à réclamer la pendaison de Patras. « Comme la foule devenait incontrôlable, nous avons conduit Patras au bureau du surintendant de la police. Depuis, nous n’avons pas de nouvelles de lui », explique son oncle.

Plus tard, une réunion s’est tenue au poste de police, après quoi une déclaration conjointe a appelé les chrétiens à revenir et vivre en paix avec leurs voisins musulmans. Le message stipule que « la communauté chrétienne garantit le respect de la religion musulmane. »

Au Pakistan, les réseaux sociaux sont devenus une question épineuse par rapport à la loi sur le blasphème. Un chrétien de 16 ans, Nabeel Masih, est en prison depuis mai 2017, accusé d’avoir posté une photo blasphématoire sur Facebook.