«Très jeune, j’allais régulièrement à l’église avec ma famille chrétienne. C’est là que j’ai commencé à lire la Bible, dès l’âge de 8 ans. Je posais beaucoup de questions au responsable. J’avais promis à Dieu de lui obéir et de le servir.»

Marqué pour toujours

«Lorsque la guerre a embrasé le Liban, j’avais 12 ans. Un jour, j’ai vécu un événement qui a vraiment marqué ma vie, pour toujours. Des gens de mon village formaient un cortège funèbre d’environ 150 personnes, de l’église jusqu’au cimetière. Ils ne se doutaient pas de ce qui les attendait. Des musulmans étaient cachés derrière les tombes. À l’arrivée du cortège, Ils ont tiré à vue. Ce fut la panique générale. Mais il s’est produit un miracle: Il y a eu peut-être une vingtaine de blessés, et trois personnes seulement ont été tuées. L’une des trois victimes était… mon grand-père.»

Le choc et l’incompréhension

Lorsque j’ai appris la nouvelle, j’étais en ville. Ce fut un choc terrible. Pourquoi c’était arrivé à mon grand-père? J’avais 12 ans. J’interrogeais Dieu. Je ne pouvais pas comprendre. Aujourd’hui encore je ne comprends pas et je n’ai pas la réponse. Une semaine plus tard, j’ai appris qu’on avait tiré sur mon oncle. Je me suis de nouveau agenouillé devant Dieu en l’implorant. Mais le lendemain, mon oncle avait succombé. Il n’avait que 18 ans. Quand les musulmans ont réalisé qu’ils avaient tué seulement trois personnes dans l'attaque au cimetière, ils sont allés de porte à porte et ils ont pris chaque fils aîné dans les maisons du village: 30 jeunes de mon âge, entre 12 et 15 ans. Mes parents m’ont dit plus tard que si j’avais été là j’aurais été pris aussi. Les musulmans ont donc saisi ces 30 jeunes et les ont jetés dans un puits vide. Ensuite, ils ont scellé le puits et ils les ont laissés mourir. À cette époque les médias n’étaient pas aussi répandus qu’aujourd’hui. Peu de gens l’ont su.»

Les assassins? Nos voisins directs

Ma mère a maintenant 80 ans. Mon grand-père qui est mort, c'était son père. L’oncle tué, c'était son frère. Elle a de la haine envers les musulmans. Les gens qui ont assassiné son père et son frère sont nos voisins directs. Dès l’âge de 12 ans j’ai été éduqué dans la haine les musulmans. Mais, plus tard, Dieu m’a guéri et j’ai commencé à aimer les musulmans. Chaque enfant veut que ses parents soient fiers de lui. En ce qui me concerne, c’est différent: mes parents ne sont pas fiers de moi, car j’aime nos voisins musulmans, ceux qui ont tué mon grand-père!

«Aujourd’hui quand je vais au village, je bois le thé ou le café avec les assassins de mon grand-père.»

Cela fait souffrir ma mère. Elle ne veut pas que je fréquente ces gens-là. Mais c’est justement ce que Dieu veut que je fasse. Le pardon est le seul moyen de guérir ces blessures. Mais c’est difficile d'aller à contre-courant. J’en ai fait l’expérience», reconnaît Boulos.