La résolution adoptée le 19 décembre 2019 rappelle que, depuis 2015, des djihadistes et d’autres groupes armés qui opéraient auparavant au Mali, pays voisin, ont terrorisé la population burkinabé et perpétré plusieurs attaques contre des symboles de l’État tels que des cibles militaires, des écoles et des établissements de santé, ainsi que, plus particulièrement, contre des églises et des chrétiens.

Le Parlement Européen fait le décompte de «plus de 60 chrétiens tués» en 2019 au Burkina Faso dans différentes attaques et n’oublie pas de mentionner les prêtres, membres du clergé et fidèles des communautés chrétiennes «victimes d’assassinats ciblés et d’enlèvements dans l’ensemble du pays».

Les 14 chrétiens tués dans une attaque djihadiste en décembre pendant leur culte font l'objet d'une attention particulière.

Les députés ont tenu à rappeler que la violence ne touche pas seulement les chrétiens, comme le montre l’attaque récente de la mosquée de Salmossi.

La tolérance religieuse en danger

Le Burkina Faso bénéficiait jusqu’ici d’une réputation d’harmonie religieuse, exemple d’une tolérance entre chrétiens et musulmans. La Constitution du pays garantit d'ailleurs la liberté religieuse.

C’est à ce symbole que s’attaquent les extrémistes. «Les groupes djihadistes cherchent à mettre à rude épreuve la coexistence interconfessionnelle au Burkina Faso» note le Parlement Européen, dénonçant l'utilisation abusive de la religion pour légitimer la persécution des chrétiens et d’autres minorités religieuses.

Constat partagé par Illia Djadi, expert de Portes Ouvertes pour l'Afrique de l'Ouest : «Il s'agit d'un phénomène nouveau dans ce pays qui a une culture de tolérance interreligieuse qu'on ne retrouve nulle part ailleurs dans le Sahel.»

C’est aussi le cri du cœur des chrétiens burkinabé, à l’image de l’archevêque de Ouagadougou, Philippe Ouedraogo:

«Nous, les confessions religieuses et tout le peuple, devons dire non. Nous ne nous enliserons pas dans cette dynamique, ce chaos ethnique et religieux. Nous sommes un peuple, nous resterons un peuple, le grain d'un seul panier.»

Prendre en compte l’appel des églises

La résolution mentionne les nombreux appels pour soutenir la poursuite du dialogue interreligieux pour empêcher «l’élimination de la présence chrétienne».

Le Parlement Européen invite le gouvernement du Burkina Faso à renforcer le soutien et la protection qu'il apporte aux communautés musulmanes, chrétiennes et animistes, et la communauté internationale à renforcer l’assistance humanitaire au Burkina Faso.

Notons que les députés ont témoigné leur «gratitude aux ONG, y compris les ONG religieuses, et aux organisations internationales, pour le travail important qu’elles accomplissent».