
Makurdi (Nigéria), le 18 juin 2025 — L’État de Benue, dans la Ceinture Centrale du Nigéria, a été le théâtre d’une série d’attaques d’une violence inouïe entre le 8 et le 14 juin. Au moins 218 personnes ont été tuées, près de 6000 déplacées, et de nombreux villages chrétiens ont été réduits en cendres.
Les attaques, menées aux cris de «Allah Akbar», auraient été perpétrées par des extrémistes fulanis (peuls), qui ont visé des civils sans défense dans les régions rurales de la zone de gouvernement local de Guma et de Makurdi. Les assaillants, lourdement armés, n’ont épargné ni les femmes, ni les enfants, ni les personnes âgées. Selon la Fondation pour la Justice, le Développement et la Paix du diocèse catholique de Makurdi, l’attaque la plus meurtrière a eu lieu le 13 juin à Yelewata, point culminant d’une série d’exactions sur plusieurs jours.
Ce vendredi 13 juin, plus de 200 déplacés internes qui avaient trouvé refuge à Yelewata ont été tués en une seule nuit, certains abattus à la machette, d'autres brûlés vifs.
«Ce n’est plus un simple conflit entre agriculteurs et éleveurs. Ce que nous vivons est une guerre menée par des terroristes», a déclaré Hyacinth Alia, gouverneur de l’État de Benue.
Une crise qui s’enracine dans l’impunité
Jo Newhouse, porte-parole de l’ONG Portes Ouvertes pour l’Afrique Subsaharienne, a déclaré:
«Ce schéma répété d’attaques sans retenue contre les villages à majorité chrétienne est totalement inacceptable. Les chrétiens de la Ceinture Centrale ont besoin de savoir que leur gouvernement est prêt à faire ce qu’il faut pour assurer la sécurité de tous ses citoyens, quelle que soit leur ethnie ou religion.»
L’ONU a condamné les attaques, appelant à une enquête approfondie sur ces tragiques événements.
«Portes Ouvertes rejoint l’appel de l’ONU pour une action immédiate et une enquête complète. Nous exhortons également le gouvernement nigérian à agir sans délai pour assurer la protection des citoyens, en prenant des mesures fermes contre les attaques violentes.»
Le dimanche suivant, des milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Makurdi pour protester contre ces tueries. La foule a été dispersée avec des gaz lacrymogènes par la police.
«La communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour pousser le gouvernement nigérian à agir avec urgence et transparence afin d’atteindre ces objectifs», conclut Jo Newhouse.
Contexte: un conflit mal nommé
Le conflit est souvent présenté de manière simplifiée comme une lutte pour les ressources entre éleveurs peuls et agriculteurs sédentaires. Mais les témoignages recueillis sur le terrain indiquent que s’y mêle une dimension ethnico-religieuse: assassinats nocturnes, occupation des terres après massacre, utilisation d’armes de guerre, cris «Allah Akbar»…
Ces attaques font suite à bien d’autres dans la Ceinture Centrale, carrefour culturel et religieux crucial, où se concentre la population chrétienne du Nord du pays.