Dans le documentaire «Les chemins de la Foi, Protestants d’Algérie» paru sur France2, Chris Huby, le réalisateur nous amène à la découverte d’hommes et de femmes de foi qui témoignent à cœur ouvert.

On redécouvre les épreuves imposées aux chrétiens, comme l’explique dans le reportage Achida Aoudi, une banquière algérienne:

«Je ne sais pas pourquoi, mais lorsqu’on choisit d’épouser une autre foi que l’islam on est perçu comme des étrangers.»

Un autre témoignage, celui d’un algérien d’âge mûr se fait entendre comme un cri du cœur: «On en a marre d’être humilié et d’avoir honte parce qu’on prie notre Dieu, c’est le Dieu de la vérité!»

Dans son Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2019, Portes Ouvertes classe l’Algérie en 20e position. Depuis novembre 2017, l’association observe un regain de la pression administrative contre les églises de l’Église Protestante d’Algérie (EPA). Des propos qui sont relatés par différents pasteurs dans ce documentaire.

Par exemple, Moustafa Krim, pasteur dans une église en Kabylie et ancien président de l’EPA, témoigne à propos d’une église mise sous scellés: «On a fait des démarches en justice pour faire valoir nos droits(…) il n’y a pas de volonté politique pour rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. À deux reprises c’est passé en justice, le juge s’est déclaré incompétent et l’affaire est à la cour suprême depuis 5 ans. On attend toujours. Il n’y a toujours rien qui bouge et on ne sait pas comment cela finira.»

L’ordonnance 06-03, une épée de Damoclès sur les chrétiens

L’ordonnance 06-03 fixant les conditions et règles d’exercice des cultes autres que musulman adoptée en février 2006 restreint considérablement la liberté de religion des chrétiens: l’exercice de culte ne peut, par exemple, avoir lieu que dans des édifices destinés à cet effet. Dans la pratique, les autorités n’ont presque jamais répondu aux demandes d’autorisations d’églises.

Une réalité également reportée par le réalisateur, qui montre la détermination des chrétiens à continuer leur culte, quitte à se retrouver sous une grande tente, montée juste à côté de leur église qui a été fermée en juillet 2018 par ordre administratif. Un pasteur témoigne: «Quoi que tu te fasses, à la fin ton église n’est pas conforme. Ils ont un double discours. À l’extérieur ils disent qu’ils prennent soin des minorités mais ici on nous "matraque". Ils viennent à l’improviste, ils procèdent à la fermeture.»

Des difficultés qui se sont multipliées depuis 5 ans

Le gouvernement algérien décrit sa population comme étant «algérienne, musulmane et arabe».  Les difficultés rencontrées dans la vie d’église se sont multipliées alors que la pression communautaire s’alourdit avec régularité. La situation des chrétiens a clairement empiré depuis 5 ans.

Dans le documentaire, Slimane Bouhafs, qui a fait de la prison et qui est désormais sorti témoigne de la dureté de la justice à son égard: 

«Le juge m’a dit: "Tais-toi!" Si on appliquait une loi juste dans ce pays, tu aurais été lapidé.»