Le 15 avril dernier, les conflits ont repris au Soudan entre l’armée régulière et les «Forces rapides de soutien» (RSF). Ils ont provoqué la mort de plusieurs centaines de civils et une situation humanitaire inquiétante. La reprise de ces combats ne cible pas spécifiquement la minorité chrétienne, déjà largement persécutée. Mais elle fait craindre aux chrétiens un retour aux heures les plus noires de l’histoire du pays. 

La population civile prise en étau

«Les chrétiens craignent que les islamistes tirent profit de cette crise», analyse pour Portes Ouvertes Fikiru Mehari (pseudonyme), spécialiste de l’Afrique de l’Est. Il précise: 

«Cette guerre est une opportunité offerte aux extrémistes islamiques de reprendre le pouvoir et de dire: "Vous voyez, la démocratie ne fonctionne pas, retournons à la charia".»

En 2019, des manifestations avaient chassé du pouvoir le dictateur Omar al-Bashir après presque trente ans de «règne». Mais Omar al-Bashir s’est appuyé sur l’ancienne milice du Darfour, appelée Janjaweed, et accusée de génocide, pour former les «Forces Rapides de Soutien». En 2021, l’armée régulière et RSF s'étaient unies. Mais elles se disputent désormais le pouvoir. La population civile est prise en étau entre ces deux forces militaires antagonistes. 

Un avenir très sombre

Personne ne sait qui a tiré le premier le 15 avril dernier, mais les conséquences sur la population pourraient être désastreuses, notamment pour la minorité chrétienne. «Les gens ont protesté il y a quatre ans parce qu’ils n’avaient pas de pain. C’est toujours vrai aujourd’hui, mais ils sont encore plus inquiets», poursuit Fikiru Mehari. «Nous craignons que cette crise ne permette aux islamistes d’influencer la vie politique soudanaise. Ceci mettrait les croyants en Jésus sur le chemin d’une nouvelle dictature opposée aux chrétiens. Leur vie serait alors encore pire que du temps d’Omar al-Bashir. L’avenir est vraiment sombre», déplore notre analyste. 

Tache d'huile

Fikiru Mehari s’inquiète également pour les chrétiens de l’ensemble de l’Afrique de l’Est. Leurs conditions de vie pourraient se détériorer si l’islam radical reprenait pied au Soudan, faisant tache d’huile dans toute la région. «Prions pour que le Seigneur donne de la sagesse aux dirigeants militaires et politiques du Soudan, pour qu’ils reprennent leurs esprits et arrêtent cette guerre», plaide-t-il, espérant l’intervention de la communauté internationale. Des puissances étrangères qui pour l'instant se contentent d'évacuer leurs ressortissants, notamment vers le Royaume-Uni, les États-Unis, la France et la Chine, avec l’aide de l’armée régulière soudanaise.