De récents témoignages indiquent que les chrétiens incarcérés en Iran subissent des souffrances psychologiques, des refus de soins médicaux, des interdictions de rendre visite à leur famille… Alors que, dans le même temps, d’autres Iraniens condamnés à de la prison sont autorisés à rentrer dormir chez eux et ont le droit de travailler dans des usines!

Au départ, certains chrétiens pouvaient bénéficier de ces aménagements de peine, appelés «sanctions ouvertes». Ainsi, Matthias (pseudonyme) a été autorisé en novembre dernier à travailler deux semaines par mois dans l’usine de sa prison. Mais aussi à prendre l’avion à ses frais pour rentrer chez lui les deux autres semaines.

Des aménagements de peine suspendus

Malheureusement, la «sanction ouverte» de Matthias vient d’être annulée sans aucune explication. Le directeur de l'ONG Article 18 commente:

«Cela fait presque 20 ans que Matthias et sa famille font l'objet de pressions incessantes à cause de leur foi et de leurs activités religieuse.» 

Récemment, Matthias a été «adopté» par deux responsables politiques allemands, Sarah Timmann et Sven Tode, qui exigent sa «libération immédiate».

En prison, au lieu d'être opérée

Une autre politicienne allemande, Gudrun Schittek, a également «adopté» une autre chrétienne iranienne incarcérée, dont nous nous sommes également déjà fait l’écho: Mina Khajavi. Renversée par une voiture à l’été 2022, elle souffre de fortes douleurs dans une cheville et aurait dû être opérée. Mais les autorités l’ont envoyée en prison avant son opération. Dans sa cellule, on lui administre parfois des anti-douleurs, mais aucun soin. Et surtout, Mina se plaint de ne pas pouvoir monter sur son lit, ayant été placée à l’étage d’un lit superposé qu’elle partage avec une codétenue.

Organisations chrétiennes «sionistes»

Mina et Matthias ne sont pas les seuls chrétiens à souffrir de conditions de détention dégradées en Iran. Laleh a récemment reçu la visite de sa mère, qui décrit chez sa fille d’intenses «souffrances psychologiques» qui ne font l’objet d’aucun soin. L’histoire de Laleh est particulièrement triste. Convertie au christianisme, elle s’était enfuie en Malaisie, où elle s’est fait baptiser et a demandé l’asile politique. Mais sa demande n’a jamais abouti auprès des autorités malaisiennes. Elle a donc décidé de rentrer en Iran s’occuper de ses parents vieillissants. À son retour, elle a été arrêtée et condamnée pour avoir entretenu des «contacts avec des organisations chrétiennes sionistes (sic)»... 

Lelah, Matthias et Mina: voici donc trois chrétiens iraniens dont les conditions de détention se sont détériorées pour le seul fait d’être chrétien. Suite à la mort du président Ebrahim Raïssi, la Constitution iranienne prévoit l’organisation d’une élection présidentielle dans les 50 jours. Marquera-t-elle un changement de politique favorable à la liberté religieuse? 

Source: Article18