Il y a seulement 15 à 20 ans, il était encore relativement facile pour les Nord-Coréens, chrétiens ou non, de passer illégalement en Corée du Sud via la Chine. Mais la situation a changé. En 2021, 63 réfugiés sont arrivés en Corée du Sud, et en 2022, 67. Ils étaient 1.047 en 2019 et au moins 2.000 en 2011. Que s'est-il passé?

Une traversée plus risquée

«La première raison est Kim Jong-Un», explique Simon (pseudonyme), qui travaille pour Portes Ouvertes avec les réfugiés nord-coréens en Chine. «Il a alourdi les peines, rendu les lois plus strictes et fait respecter les frontières. Parallèlement, le gouvernement chinois a renforcé la sécurité dans la zone frontalière. Il est difficile et dangereux de franchir la frontière, et une fois en Chine, il est beaucoup plus difficile de quitter le pays.»

La pandémie a aussi eu un impact majeur: «Jusqu'au début de l'année 2020, il était difficile de quitter la Corée du Nord, mais pas impossible, explique Simon. Quand la pandémie a frappé, la frontière a été complètement fermée des deux côtés. Il était donc presque impossible de s'échapper.»

Changement d'alliances et de lois

Simon souligne également que l'invasion de l'Ukraine par la Russie a modifié les relations de la Corée du Nord avec ses voisins plus puissants: «Parce que les États-Unis et l'Occident ont soutenu l'Ukraine et isolé la Russie, cette dernière est devenue un partenaire plus fort de la Corée du Nord. » Par le jeu des alliances, les liens entre la Chine et la Corée du Nord ont aussi été renforcés. Maintenant que les frontières ont été rouvertes et que les relations entre ces deux pays sont de nouveau au beau fixe, de nombreux fugitifs nord-coréens ont été arrêtés en Chine et renvoyés dans leur pays. «On leur demandera s'ils ont eu des contacts avec des chrétiens», explique Eun-Kyung (pseudonyme), une Nord-Coréenne qui a réussi à s'enfuir. Pour espérer s'en sortir, «l'important est de ne pas admettre que l'on a lu la Bible, que l'on est allé à l'église ou que l'on a rencontré des Sud-Coréens», explique-t-elle.

La situation est également devenue plus dangereuse en raison des modifications apportées par la Chine à ses propres lois. Le travail missionnaire auprès des Nord-Coréens dans le nord-est de la Chine est devenu plus risqué quand la Chine a modifié la loi sur le contre-espionnage: «Les chrétiens qui aident les Nord-Coréens peuvent être détenus et condamnés à 10 ans de prison pour avoir mené des activités d'espionnage», explique Simon.

Toujours à l’œuvre

Han (pseudonyme), un contact de Portes Ouvertes en Chine, rencontre elle aussi des difficultés: «Si nous nous réunissons à la campagne, nous nous sentons relativement libres, explique-t-elle. Mais si nous nous retrouvons dans un bâtiment en ville, nous devons être très prudentes, et chanter et prier doucement. On voit toujours que les femmes sont nerveuses. Qui sait qui regarde ou qui écoute?»

Mais cela ne signifie pas que Portes Ouvertes a cessé de servir les chrétiens nord-coréens. «Le travail continue, affirme Simon. Mais nous devons être encore plus prudents. La Chine est le pays qui possède le système de surveillance le plus sophistiqué au monde. Il y a des caméras reliées à des bases de données qui utilisent des logiciels de reconnaissance faciale. Le gouvernement chinois saura toujours où vous êtes. Mais Jésus est toujours à l'œuvre!», conclut Simon.

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