La dernière série d’attaques s’est produite entre le 29 juillet et le 8 août dans plusieurs villages proches de la frontière nigériane, selon un même mode opératoire. Lorsque les militants arrivent et ne trouvent que des femmes, ils pillent les maisons et vont ailleurs à la recherche d'hommes à tuer.

Des nuits entières dans les montagnes

Le pasteur Amos (pseudonyme) rapporte ce qui s’est passé dans son village, Kassa Darra: «En raison des attaques incessantes, les hommes préfèrent dormir hors du village dans la montagne proche plutôt que dans les maisons. Ce soir-là, le 8 août, j’avais dit aux responsables d’église que nous devions être vigilants. Soudain, nous avons entendu les militants de Boko Haram. Ils nous ont encerclés et ils ont crié l’ordre de tirer. Chacun de nous a fui dans une direction différente. Après le départ des assaillants vers 1h du matin, nous nous sommes enfin rassemblés. Mais nous avons réalisé qu’un ancien de l'église, Jonas Vigue (46 ans), avait été tué et que Marava Keda (56 ans), avait reçu une balle dans la main gauche.» Pendant l'attaque, les combattants ont pillé la maison du pasteur Amos, la vidant de tous ses objets de valeur. Il poursuit:

«Je suis reconnaissant à Dieu de nous avoir épargnés, même si nous devons pleurer notre frère Jonas Vigue. Sa femme, Rebecca, est inconsolable.»

Les assaillants se sont retirés après avoir pillé au moins 5 autres maisons. Heureusement, sa famille n’a pas été blessée. «Je remercie Dieu qui avait un plan pour eux. Ma femme s'était rendue à Mora pour une réunion, et y a passé la nuit. À cause de l'insécurité, j'avais demandé aux enfants de passer la nuit en haut de la montagne.» dit Amos.

Résister, se soumettre, partir… que faire?

«Les gens sont traumatisés, découragés. Ne nous oubliez pas dans vos prières. Les quelques personnes restées en arrière se déplacent toutes dans les montagnes. Ce n'est pas facile. S'il vous plaît, priez pour nous! Depuis que cette attaque s'est produite, nous nous disons que Dieu est là, qu'il voit, mais la réalité est très dure», confie le pasteur Amos.

En raison de l'état des routes dans cette région isolée et difficile d'accès, les forces militaires camerounaises ne sont pas intervenues lors de ces attaques. Les chrétiens restent l'une des cibles privilégiées des extrémistes, mais de nombreux musulmans qui ne  soutiennent pas Boko Haram en sont également la proie. Les destructions et la peur que le groupe terroriste provoque obligent les habitants de la région à se soumettre ou à partir, explique le porte-parole de Portes Ouvertes pour l'Afrique Subsaharienne. Mais des chrétiens, comme le pasteur Amos, tiennent bon:

«Aussi longtemps que je vivrai, je devrai remercier Dieu. Même si ce n'est pas facile.»

Cette année, l’argent récolté grâce aux Challenges Portes Ouvertes sera dédié aux plus de 2000 chrétiens affectés par ces attaques dans le Nord du Cameroun. Pour en savoir plus sur les challenges, rendez-vous sur www.portesouvertes.fr/challenges.