J’ai commencé à travailler avec Portes Ouvertes en mars 1983. À l’époque, la mission était beaucoup plus petite. Au bureau, nous n’étions que 4 personnes. Seulement six pays en Europe comptaient un bureau de Portes Ouvertes. Quatre fois par an nous nous réunissions aux Pays-Bas. Un jour, au courant de cette année 1983, Frère André nous avait annoncé une vision radicale : nous allions prier pendant 7 ans pour l’Union Soviétique, pour que Dieu mette fin à ce système néfaste qui persécutait les chrétiens. 

Il semblait très difficile de croire à l’époque que le monde pouvait changer et le rideau de fer tomber ! Mais André avait raison. Le combat était un combat spirituel et si nous voulions voir le système communiste tomber et voir l’Église libérée du marxisme, il fallait intercéder pour l’Union soviétique. Il fallait briser le pouvoir spirituel.

À l’époque, Portes Ouvertes avait seulement deux axes de travail :

  • la Bible, que nous passions en contrebande vers les pays communistes,
  • la prière, et pour l'encourager, nous avions un magazine, avec son calendrier de prière, le présentoir de prière avec des cartes représentant les prisonniers chrétiens, et (la fameuse) cassette d’intercession, quatre fois par an.                                     

Nous étions un peuple de prière. Et la Bible était au centre de notre action.

La prière : fonde notre action

Aujourd’hui le monde a changé. Souvent nous nous présentons au monde extérieur comme une ONG (Organisation non-gouvernementale), nous ne devons pas perdre notre âme et oublier qui nous sommes. Nous sommes d’abord une mission, au service de Dieu, baignée d'une vision spirituelle. Nous sommes une œuvre au service de Dieu – ou nous ne sommes rien. Parmi les valeurs de Portes Ouvertes il y a : «La Bible et la prière - au centre de nos vies et de notre ministère.» Notre action est fondée sur la prière et surtout la prière d’intercession. Mais la prière ne vient pas facilement.

La prière : un temps indispensable

Il y a 150 ans déjà le pasteur écossais Horatius Bonar (1808 – 1889) avait écrit ceci concernant les chrétiens de l’époque : 

«Il y a le temps pour tout sauf la prière. Pourquoi y a-t-il tant de causeries, et si peu de prière? Tant de gens qui courent à droite et à gauche, et si peu de prière? Tellement de gens pressés et affairés, et si peu de prière ? Tellement de rencontres avec des gens, et si peu de rencontres avec Dieu? Si peu de temps passé seul avec Dieu, si peu de soif pour le temps doux et calme dans la présence de Dieu.» 

Peu de choses semblent avoir changé depuis son époque.

La prière : un paradoxe

La prière est un des plus grands mystères de la vie chrétienne : Ostwald Sanders parlait de la prière de cette façon:

«La prière est un paradoxe. Aucune activité spirituelle n’est aussi complexe et ni aussi simple.»

L'ancien directeur de «China Inland Mission» continue : «La prière, ce sont les paroles les plus simples sur les lèvres d’un enfant, et les paroles les plus sublimes qui atteignent la majesté de Dieu. C’est aussi nécessaire pour le philosophe âgé que pour le travailleur manuel. C’est le cri d’un instant, et une attitude de toute la vie. C’est à la fois le repos et le combat de la foi. C’est une agonie et une extase. Elle est signe de soumission, et pourtant elle importune le Créateur de l’univers. Dans le même temps, elle interpelle Dieu et lie le Diable. Elle peut être dirigée vers un seul objet et peut voyager à travers du monde. La prière peut être une confession contrite et humble, et une adoration extravertie et rayonnante…»

La prière : pour que d'autres soient debout

À Portes Ouvertes, nous invitons des croyants à s’engager avec nous dans l’intercession. J’aimerais prendre comme exemple une personne dans la Bible : Épaphras, que Paul appelle «son compagnon de captivité dans le Christ.» (Philémon 1:23)

Dans l’épître aux Colossiens Paul écrit aussi :

«Épaphras, qui est des vôtres, vous salue: serviteur de Jésus Christ, il ne cesse de combattre pour vous dans ses prières.» Col 4:12

Le mot pour «combattre» en grec est «agōnizomai». C’est un terme qui parle de l’effort dans la lutte, dans une compétition, dans un combat où l’on met toutes ses forces pour gagner. Épaphras avait lutté et combattu pour les Colossiens dans la prière.

Les Colossiens étaient debout, parce qu’Épaphras était à genoux…

Il y a un coût, un effort, un combat dans le travail d’intercession et c’est ce que nous sommes appelés à faire pour les chrétiens persécutés. Comme des sportifs, il y a un prix à payer, il faut de la discipline.

À Portes Ouvertes, nous voulons prier pour l’Église persécutée, pour qu’elle soit debout. Mais nous devons être à genoux pour elle. Portes Ouvertes lance d'ailleurs cette année un grand effort de prière pour l’Inde. 

La prière : pour vaincre dans la bataille

Il y a une formidable image de l’intercession dans l’Ancien Testament, au moment où Josué est appelé à combattre Amalek, et Moïse prend la place de l’intercesseur.

«Alors Moïse dit à Josué: Choisis-nous des hommes, sors, et combats Amalek; demain je me tiendrai sur le sommet de la colline, la verge de Dieu dans ma main. Josué fit ce que lui avait dit Moïse, pour combattre Amalek. Et Moïse, Aaron et Hur montèrent au sommet de la colline. Lorsque Moïse élevait sa main, Israël était le plus fort; et lorsqu'il baissait sa main, Amalek était le plus fort. Les mains de Moïse étant fatiguées, ils prirent une pierre qu'ils placèrent sous lui, et il s'assit dessus. Aaron et Hur soutenaient ses mains, l'un d'un côté, l'autre de l'autre; et ses mains restèrent fermes jusqu'au coucher du soleil. Et Josué vainquit Amalek et son peuple, au tranchant de l'épée. L'Éternel dit à Moïse: Écris cela dans le livre, pour que le souvenir s'en conserve...» (Exo 17:9) 

Quelle leçon radicale. Moïse élevait ses mains, et Israël était plus fort, il baissait la main et c’était Amalek qui gagnait. Est-ce que la bataille dépend autant que cela à nos prières ? Est-ce que c’est vraiment notre intercession qui décide le résultat ? Si nous le croyions vraiment, combien cela changerait notre vie de prière.

La prière : un soutien fraternel

Puis le passage nous rappelle le besoin de discipline et le fait que nous avons besoin des uns des autres. Moïse ne montait pas seul, il a emmené avec lui Hur et Aaron. Nous avons besoin de prier à plusieurs, avec le soutien de nos amis, et l’encouragement d’être à plusieurs.

Enfin Moïse avait besoin d’une pierre pour l’aider dans sa lutte d’intercession. Nous aussi nous avons besoin d’outils ; des calendriers, des applications, des messages, des e-mails... pour nous aider à persévérer dans la prière. C'est ce que nous proposons au travers de nos différentes publications comme le Fil Rouge, les actualités de l'Église persécutée, ou encore les vidéos Plein Cadre.  

Merci d’être parmi ceux qui sont à genoux, pour que l’Église persécutée soit debout.

Michel Varton