Girgis raconte comment son frère, Nashaat, un chrétien d’Égypte, a été assassiné en 2019. «Tout a commencé quand ma femme Maryam est allée acheter de nouveaux vêtements et des chaussures pour Noël, l'année dernière. En rentrant à la maison, elle a déballé une paire de chaussures et a trouvé un défaut dans l'une d'entre elles.» A priori, ce n'était rien de grave. Mais quand on est considéré comme un «infidèle», tout peut arriver.

Girgis avec le portrait de son frère Nashaat.

Pas de business avec les chrétiens!

Le problème insignifiant s’est transformé en violence: «Le lendemain, Maryam et ma nièce de 12 ans, Maresta, la fille de Nashaat, sont allées rendre les chaussures», raconte Girgis. Le propriétaire du magasin a compris qu’elles étaient chrétiennes en voyant leurs tatouages et leurs cheveux découverts. Il a alors jeté les chaussures sur Maryam et Maresta en criant: 

«Je ne fais pas affaire avec les chrétiens!»  

Maryam, sidérée, a montré le défaut des chaussures à un autre client. Le commerçant a explosé de rage et a frappé les 2 femmes: «Oh, vous êtes des chrétiens!»

Maryam et Maresta, bouleversées par cette agression, se sont précipitées hors du magasin. Au même moment, Nashaat a appelé sa belle-sœur par hasard. Maryam, en pleurs, a passé le téléphone à Maresta, qui a tout raconté à son père. Nashaat a accouru, suivi de près par son frère. Girgis raconte: «J'ai trouvé ma femme et ma nièce dans la rue. Je suis ensuite entré dans le magasin, où j'ai vu mon frère debout au milieu d'un groupe d'extrémistes. Il parlait au commerçant, calmement. Il lui a demandé s'il avait bien frappé sa fille. L’homme lui a répondu: "Oui, je l'ai fait, et tu ne peux rien y faire, chrétien!"»

«Infidèle!»

L’incident a tourné au drame. Les extrémistes ont commencé à frapper Nashaat avec des tubes en métal. Girgis, qui a aussi été agressé, se souvient de la suite tragique: 

«Ils ont sorti leurs couteaux, qu’ils ont plantés dans la jambe de mon frère pour le faire tomber. Et ils l'ont poignardé dans les côtes, en criant "infidèle!"»

La mère de Nashaat et Girgis, leurs 2 femmes, et même Maresta ont vu tout le drame se dérouler sous leurs yeux. «Elles ont traîné mon frère dans un tuk-tuk et ont foncé vers l'hôpital. Mais Nashaat est mort pendant le trajet. Maresta a essayé désespérément de lui faire du bouche-à-bouche, en criant "papa, papa !", mais c'était trop tard.»

Une grande foule a assisté aux funérailles: «Nashaat avait beaucoup d'amis, musulmans et chrétiens, explique Girgis. Les musulmans modérés de notre quartier ont condamné ce qui est arrivé à Nashaat, car ils le connaissaient comme un homme bon.»

Impunité et menaces

L'histoire ne s'arrête pas là: 4 des extrémistes ont été inculpés, mais seul le propriétaire du magasin a été condamné. Il a écopé de 7 ans de prison et il n’en fera pas plus de 2 ou 3. Selon la justice égyptienne, il ne s’agirait pas d’un meurtre, mais d'une lutte à armes égales. Il y a encore plus grave. Le meurtrier n'a jamais été arrêté: il a vendu sa boutique et a quitté la ville. Girgis explique:

«S'il reste absent pendant 2 ans, le verdict sera annulé et il pourra à nouveau vivre ici en toute impunité!»

La famille de Nashaat quant à elle, menacée par des extrémistes, n'est plus en sécurité dans son propre quartier. Mais elle reste confiante. 

Jésus ne les quittera jamais! 

Nashaat était tatoueur de croix (photo d'illustration).

Nashaat était tatoueur de croix et tenait un commerce de décoration intérieure religieuse. Le tatouage en forme de croix est généralement dessiné sur le poignet. C’est une ancienne tradition des chrétiens coptes, un rappel de leur identité chrétienne. 

La famille de Nashaat, unanime, se place sous la protection divine: «Veuillez prier pour notre sécurité, pour que la paix revienne dans notre maison.» Tous ses proches ont confiance en Dieu. Quand ils regardent la croix tatouée à leur poignet, ils se souviennent de Nashaat, qui l'a dessinée. Mais ils pensent plus encore à Jésus, qui ne les quittera jamais!