Nadeen et Fatima (pseudonymes), deux étudiantes, sont devenues chrétiennes il y a quelques années. Aussitôt, elles ont annoncé leur conversion avec enthousiasme à leurs familles.

Annonce de leur conversion : la douche froide

Mais les réactions ne se sont pas fait attendre. «Ma famille était très en colère contre moi, et mon père m’a frappée», se souvient Nadeen. Fatima a vécu la même expérience. Harcelée par sa famille, elle a dû «retourner à l’islam», mais en apparence seulement. «Extérieurement, je suis musulmane», dit-elle. Quant à Nadeen, elle a subi une telle pression qu’elle aussi a décidé de vivre à nouveau comme une musulmane. Devant la famille et leur entourage, les deux jeunes filles laissent croire qu’elles sont revenues à l’islam. Mais leur cœur appartient toujours au Christ.

Un secret difficile à garder

Surveillées, Nadeen et Fatima ne peuvent pas se joindre à une église de maison le dimanche. Mais elles ont trouvé le moyen de rencontrer des chrétiens un autre jour de la semaine. «C’est si bon d’avoir ces moments ensemble. Nous nous sommes organisées de manière à ce que nos familles ne se doutent de rien», confie Fatima. 

«Dieu merci, nous avons trouvé un moyen de rencontrer d’autres chrétiens en secret.»

Toutefois, garder un tel secret demande d’être constamment sur le qui-vive. «J’ai très peur que mes parents le découvrent. Mon père me tuerait», dit Nadeen d’un ton grave, car la menace est bien réelle. Elle poursuit : «J’ai rencontré récemment dans la rue une dame connue pour être chrétienne. Alors que je parlais avec elle, j’ai vu passer quelqu’un de ma parenté. J’ai essayé de me cacher derrière cette dame pour ne pas être vue. Heureusement, la personne ne m’a pas aperçue, ou du moins elle n’a rien dit à mes parents.» Une situation que connaissent bien les chrétiens marocains, considérés comme des traîtres à la religion de leurs parents.

Le Maroc, rang 35 dans l'index 2019

Souvent, les familles marocaines réagissent à la conversion d’un des leurs, comme les familles de Nadeen et de Fatima, et emploient tous les moyens pour les ramener à l’islam. D’autres familles tolèrent que quelqu’un se convertisse au christianisme, mais elles se gardent bien d’en parler, car une conversion apporte la honte sur toute la famille. Malgré ces secrets, le recueil de données sur la persécution des chrétiens s’améliore. Les informations recueillies font état de chrétiens marocains harcelés, menacés ou entravés dans leur vie quotidienne en raison de leur foi. Cela explique largement le retour du Maroc sur la liste des 50 pays de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2019, au 35e rang.