Dans certaines régions de Colombie, les groupes illégaux se battent pour contrôler le trafic de drogue. Pour cela, ils recrutent de force des enfants et des jeunes. La pauvreté et le manque d'opportunités professionnelles achèvent de les convaincre.

La vie de guérilla, sans Dieu ni loi

Reina (pseudonyme) l'a vécu. Elle a été recrutée par les guérilleros dès qu'elle a eu la force de soulever un fusil, de porter son sac à dos et de marcher plusieurs jours dans la jungle sans s'arrêter. 

Elle dénonce une autre arme efficace de ces groupes: l'endoctrinement. «Ils m'ont dit beaucoup de mensonges. On m'a appris à nier Dieu, que les hommes avaient inventé cette histoire de Dieu pour que les gens vivent opprimés sous le joug de l’État. Et j'ai vraiment cru que Dieu n'existait pas… Mon âme était blessée… Je n'avais pas la paix, mais une pure soif de vengeance en voyant tant d'injustices, en voyant des parents innocents être tués. J'étais remplie de tant d'impuissance, de colère, de haine…»

En rejoignant les rangs de la guérilla, sa vie a été un calvaire. De longues journées de travail dès 5h du matin, parfois sans même un petit-déjeuner, constamment en mouvement, sans aucune stabilité. Son quotidien s'accompagnait de maltraitances et de discriminations envers les femmes. Reina s'est frayée un chemin dans ce monde-là: 

«Mon travail consistait à patrouiller. J'étais entièrement équipée. J'étais une guerrière, une combattante.» 

Un tournant radical

Reina avait rejeté Dieu et affirmait qu'il n'existait pas. Mais un jour, alors qu'elle rentrait chez elle après un long séjour dans la jungle, elle s'est évanouie, comme dans un rêve: «J'ai commencé à descendre, à descendre dans les profondeurs. Je traversais un tunnel très effrayant et très froid.» À ce moment-là, elle s'est souvenue des personnes qui avaient partagé l'Évangile avec elle. Quelqu'un a commencé à lui montrer toutes les choses matérielles qu'elle désirait ardemment, puis lui a dit: 

«À quoi te sert tout cet argent? À quoi sert ce que tu veux? À quoi cela te sert-il si tu ne possèdes même pas ton propre corps?» 

Dans son rêve, elle s'est mise à pleurer et a demandé à Dieu de la sortir de cet endroit s'il existait vraiment.

Après cette rencontre surnaturelle, et grâce à la prière de nombreux chrétiens, Reina a accepté le Seigneur comme son Sauveur. Son esprit a changé et sa vie a connu une transformation totale. Elle a dû parcourir un long chemin de repentir et de pardon. Reina en voulait à la société et à ses parents, qui n’avaient pas pu lui donner la possibilité d'étudier. Elle a aussi dû se pardonner elle-même. 

Malgré cela, de nombreuses personnes l'ont rejetée en raison de sa vie passée. Certaines n'ont pas cru à la transformation de son cœur. Mais Reina est restée ferme dans sa foi et a grandi dans son désir de servir le Seigneur. Elle affirme avec assurance:

«Si j'ai servi le diable avec tant d’amour, combien plus aimerai-je celui qui m'a donné la vie. Et si j'étais assez courageuse pour porter une arme, je dois l'être encore plus pour servir Dieu.»

Avant de rajouter: «Et si rien ne me paraissait impossible, à combien plus forte raison cela est vrai aujourd’hui, maintenant que c’est Dieu qui me tient dans sa main, que je ne suis plus livrée à moi-même.»

Vivre pour Dieu

Reina s'est mariée. Elle a commencé à servir en tant que responsable dans son église et est devenue l'une des conseillères de la congrégation. Avec sa famille, elle a commencé à organiser de petites réunions dans différentes maisons et à identifier les besoins de la communauté afin d'établir une nouvelle église. 

Ses activités chrétiennes lui ont valu des menaces: on exigeait qu'elle retourne travailler avec les groupes armés et qu'elle cesse de prêcher la Parole, sinon elle mourrait. Encore aujourd'hui, des hommes viennent à ses réunions d'église pour l'impressionner ou la suivent dans la rue. Malgré tout, Reina tient bon et leur répond avec assurance: 

«Je ne vais pas travailler avec vous et vous ne me tuerez pas, parce ce n’est pas le diable qui décide quand je mourrai. C’est Dieu. Je servirai Dieu.»

Pour elle, suivre le Christ vaut toutes les persécutions: «Je crois qu'en raison de ce que le Christ a fait pour nous, Dieu vaut la peine d'être servi. Il n'y a rien qui vaille plus la peine que de servir Dieu. Il est le seul à tout mériter.»

Reina continue à servir le Seigneur et à aimer ses frères et sœurs. Elle travaille à la réconciliation entre les membres de son église qui, avant de rencontrer le Christ, appartenaient à des groupes armés opposés et se considéraient comme des ennemis. L'un de ses plus grands rêves est de pouvoir créer une fondation pour aider les enfants de sa région et les personnes aux ressources limitées. 

Prier pour la Colombie 

Reina sait que le contexte dans lequel elle a grandi l'a éloignée du Seigneur et l'a conduite à prendre de mauvaises décisions dans sa jeunesse. C'est pourquoi elle nous encourage à prier pour son pays: «Nous devons prier pour la Colombie parce que c'est l'un des pays où il y a le plus de violence interne et le plus de pauvreté. Priez pour la Colombie, pour nous, afin que Dieu nous remplisse de plus de sagesse et que nous puissions continuer à sauver les âmes perdues. Églises, priez pour la Colombie!»

À lire aussi
Colombie: déposer les armes, pour servir Dieu

En Colombie, ces anciens soldats de la guérilla ont troqué leur fusil contre une Bible. Aujourd'hui persécutés, personne ne ...