Le jeudi 15 novembre, la cathédrale d'Alindao, dans le Sud-Est de la République Centrafricaine, et le camp de réfugiés, basé à l’évêché non loin, ont été ciblés et attaqués par des combattants de l’UPC d’Ali Darras, une faction rebelle de la Séléka. 40 personnes déplacées et 2 prêtres ont trouvé la mort dans cet assaut. «Après avoir pillé et brûlé la cathédrale, les rebelles se sont dirigés vers le camp de réfugiés où ils ont tué au moins 42 personnes. Parmi les victimes, figurent le vicaire général du diocèse d'Alindao, Blaise Mada, et un autre prêtre dont le corps a été retrouvé plus tard, Celestin Ngoumbango, curé de Mingala», rapporte l'Agence Fides qui ajoute :  

«Les deux prêtres ont été tués par des coups de feu tirés lors de l'assaut contre la résidence des évêques où ils s'étaient réfugiés avec d'autres personnes.»

L’archevêché demande au gouvernement de dépêcher des forces armées centrafricaines pour sécuriser la ville d'Alindao. Plusieurs personnes parmi les 26 000 déplacés seraient portées disparues après l’incursion des hommes armés sur le site refuge. 

L'ONU est accusée de ne pas protéger les civils, voire de retirer ses forces sur le terrain alors que les réfugiés sont livrés à eux-mêmes.

D’importants dégâts matériels

Dans ces attaques, plusieurs véhicules ont été saisis et des abris de déplacés ont été incendiés. De nombreux dégâts ont été recensés dans l’église catholique.

Des lignes téléphoniques d'Alindao semblent avoir été endommagées, ce qui rend difficiles les contacts avec les habitants.

5 prêtres tués en 8 mois...

En 8 mois, ce sont 5 prêtres qui ont été tués par des groupes armés en Centrafrique. 

  • Albert Toungoumale Baba, tué à Bangui le 1er mai 2018. 
  • Désiré Angbabata, tué à Bambari le 21 mars 2018. 
  • Firmin Gbagoua de Bambari, tué le 29 juin 2018. 
  • Blaise Mada, tué le 15 novembre 2018 à Alindao.
  • Célestin Ngoumbango, tué le 15 novembre 2018 à Alindao.

Une violence impunie depuis 2013

L'agence Fides a rapporté que le massacre aurait été orchestré pour «venger un musulman» assassiné par des milices anti-Balaka.
Amos Boubas, prêtre centrafricain cité par l'agence, pense que la résolution de la France présentée devant le Conseil de sécurité de l'ONU serait à l'origine des violences. Elle suggérait de prolonger le mandat de la MINUSCA pour une année supplémentaire. La France semble critiquer la Russie pour son ingérence en RCA, après la convocation adressée aux groupes rebelles pour signer un accord, en août dernier au Soudan.

Après la prise du pouvoir par les rebelles Séléka, coalition rebelle à majorité musulmane, en mars 2013, le pays est tombé dans une violence extrême et impunie. Aujourd'hui, le pays est toujours aux mains de 14 groupes armés. Des milliers de personnes ont laissé leurs maisons et vivent dans des églises, qui font office de camps.

Plus d'infos sur les groupes armés qui déstabilisent la RCA >

Le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, est chrétien, mais cela n'empêche que partout en Centrafrique, des églises sont prises d’assaut et des paroissiens exécutés, comme ce mardi 1er mai, lors de la célébration de la Journée internationale des travailleurs à Bangui, où au moins 24 personnes ont été tuées à l'église Notre Dame de Fatima.