D'après un responsable de Portes Ouvertes pour l'Asie, l'avenir de l'Église afghane s'annonce difficile. Il souligne l'importance de la prière pour l'aider à survivre. 

Des rumeurs alarmistes circulent sur les chrétiens en Afghanistan. Comment se présente la situation sur le terrain?

La situation est chaotique et elle diffère en fonction des régions et des villages. Dans les zones rurales, par exemple, qui ont toujours été aux mains des talibans, rien n'a vraiment changé. C'est en ville que les gens, les femmes notamment, vont perdre des libertés. Le pays est gouverné par la peur: l'on risque d'être accusé à tort par son voisin, simplement parce qu'il veut sauver sa peau.

Les chrétiens doivent, en plus, cacher leur foi. Ils se demandent constamment: «Qu'est-ce que les talibans savent de moi? Qu'est ce que mes voisins savent de moi? Vont-ils me trahir?»

Y a-t-il une «chasse aux chrétiens»?

Il n'y a pas d'Église officielle pour les chrétiens afghans et le nombre de chrétiens est assez faible. Il n'y a pas véritablement de «chasse aux chrétiens». Mais ce qui est sûr, c'est qu'ils représentent une cible. Quand les talibans vous rendent visite, c'est pour s'assurer que vous êtes un bon musulman, que vous répondez à leurs critères. Or, les chrétiens ne sont pas seulement de mauvais musulmans: ce sont surtout des apostats, donc des cibles. Pour les talibans, tous ceux qui ne partagent pas leur vision de l'islam sont des cibles.

Les chrétiens n'étaient pas plus en sécurité quand les troupes occidentales étaient présentes en Afghanistan. La situation des chrétiens afghans n'a cessé de se dégrader ces 20 dernières années. Il est certain que le retour des talibans au pouvoir va encore aggraver les choses.

Des organisations ont-elles aidé des chrétiens à fuir le pays?

Nous n'avons aucune information à ce sujet et en ce qui concerne les chrétiens, tous les scénarios sont possibles. Il y a ceux qui préfèrent rester, au péril de leur vie et continuer à vivre leur foi secrètement; ceux qui, au contraire, font tout pour partir; ceux qui y parviennent et ceux qui échouent...

Ce qui est certain, c'est que tout comme le reste de la population, les chrétiens afghans vivent dans la peur. L'Église va survivre, mais l'avenir s'annonce difficile. Une source locale nous a dit un jour: 

«C'est uniquement grâce à vous, à vos prières, que nous sommes encore là. S'il n'y avait pas eu vos prières, nous serions partis depuis longtemps.»