L'identité du nouveau président du Nigéria a été révélée aujourd'hui. C'est Muhammadu Buhari, 76 ans, qui a été réélu pour un second mandat. Il a gagné face à son adversaire Atiku Abubakar, 71 ans. Les chrétiens craignent que leur situation ne s'améliore guère ces prochaines années.

Le président Muhammadu Buhari est arrivé au pouvoir en 2015 avec la promesse de faire taire Boko Haram. Jusqu'à présent, il n'a pas réussi à endiguer l'insurrection islamiste, malgré les allégations selon lesquelles le groupe islamique radical aurait été techniquement vaincu. L'insurrection de Boko Haram, qui a duré neuf ans, a été décrite par les Nations Unies comme l'une des plus graves au monde aujourd'hui, avec plus de 20 000 morts, plus de 4 000 femmes et filles enlevées et plus de 2 millions de personnes déplacées.

Des élections marquées par la violence dans le Nord du pays

Bien que des explosions aient été entendues quelques heures seulement avant l'ouverture des bureaux de votes à Maiduguri, dans le Nord du pays, samedi 23 février dernier, les 84 millions d'électeurs nigérians ont finalement pu se rendre aux urnes.

Dans le Nord, le calme que les forces de l'ordre ont réussi à maintenir autour des élections n'est qu'apparent. Suite à plusieurs attaques de Boko Haram la semaine dernière, de nombreux chrétiens de ces régions ont dû prendre la fuite dans les montagnes, rendant leur participation au vote très improbable.

Le président impuissant face à l'insurrection islamiste

Pendant que les ravages de Boko Haram dans le Nord-Est du Nigéria attirent l'attention médiatique, dans la Ceinture Centrale du pays, les attaques des militants peuls auraient fait six fois plus de victimes que celles du groupe terroriste, ces dernières années. Le conflit entre agriculteurs et éleveurs est même devenu le plus grand défi sécuritaire du pays.

Le pasteur Gideon Para-Mallam, de Jos, la capitale de l'État du Plateau déclare:

«Beaucoup de chrétiens ont été très déçus par l'administration du président Buhari en matière de sécurité pour tous, en particulier les chrétiens de la Ceinture Centrale et du Nord du pays.»

Il poursuit: «Les chrétiens désirent la sécurité par-dessus tout. Les chrétiens veulent voir Leah Sharibu, Alice Ngaddah et les filles de Chibok être libérées». En septembre de l'année dernière, Boko Haram a tué un travailleur humanitaire et menacé de tuer trois autres otages, dont l'adolescente chrétienne Leah Sharibu. La jeune fille de 14 ans a été enlevée avec plus de 100 autres filles de leur école à Dapchi, dans le Nord-Est de l'État de Yobe, il y a exactement un an. Pendant que les autres filles étaient libérées, les militants ont gardé Leah parce qu'elle refusait de se convertir à l'Islam. Cet enlèvement a eu lieu près de quatre ans après celui de 276 filles dans un pensionnat de Chibok.

Violences peules

En juin dernier, la violence a atteint un sommet, lorsque des bergers peuls lourdement armés ont commis une série d'attentats, faisant plus de 230 morts, d'innombrables blessés et forçant plus de 11 500 personnes à se réfugier dans d'autres villages de l'État.

La dernière attaque dans cette région où des raids ont lieu presque tous les jours remonte au 11 février. Des militants peuls ont attaqué le village d'Alese dans la zone du gouvernement local de Barkin Ladi, rapporte la Fondation Stefanos. Des hommes armés sont entrés dans le village où ils se sont «déchaînés, tirant sporadiquement sur ses habitants». Alors que les villageois tentaient de les chasser, ils ont tiré sur un homme de 26 ans du village de Kwaghasalek et l'ont massacré.

Les chrétiens du pays le plus peuplé d'Afrique représentent environ 46% des 196 millions d'habitants. Ils vivent pour la plupart dans le Sud, tandis qu'avec un pourcentage similaire, des Nigérians musulmans vivent principalement dans le Nord.