Les élections législatives prévues au Bangladesh en janvier 2024 ainsi que les répercussions de la guerre Israël-Hamas plongent les chrétiens bangladais dans une insécurité grandissante. Trois sources de pression se conjuguent en effet:

  • A l’approche des élections, travailleurs et syndicats organisent des blocages d’usines pour tenter d’obtenir de meilleures conditions de travail, notamment dans l’industrie textile. Résultat: circuler sur les routes est très dangereux en ce moment.
  • Dans le même temps, des groupes extrémistes musulmans revendiquent l’islamisation de la société et un retour à la foi musulmane des convertis au christianisme.
  • Ces mêmes extrémistes veulent venger le sang des Palestiniens versés, selon eux, par les Juifs et les chrétiens en Israël.

      Rassemblements chrétiens annulés

      Ces trois éléments pris ensemble, plusieurs rassemblements chrétiens prévus en novembre ont été annulés, la sécurité des participants ne pouvant pas être assurée. C’est le cas, par exemple, d’une formation prévue à Dhaka, la capitale, la première semaine de novembre, qui aurait dû rassembler des responsables chrétiens. Mais aussi d’un congrès annuel pour des chrétiens d’arrière-plan musulman, prévu à Gazipur avec 500 inscrits.

      En temps normal, les partenaires locaux de Portes Ouvertes fournissent aux musulmans convertis des motos pour se déplacer et ne pas rester isolés. Mais les grèves, manifestations et blocages d’usine actuels rendent tout déplacement à moto dangereux, les conducteurs de deux-roues pouvant être attaqués par les manifestants.

      Menaces de représailles

      À ceci s’ajoutent des témoignages inquiétants de persécution orchestrée par des extrémistes islamiques. Par exemple, le 29 octobre, un groupe d’une vingtaine de personnes a rendu visite à des chrétiennes d’arrière-plan musulman, pendant que leurs maris étaient au travail. Ils les ont menacées de représailles sur leurs époux et leurs enfants si elles ne revenaient pas à la foi musulmane. L’une d’entre elles a récité la shahadah pour redevenir musulmane, et, depuis, les extrémistes religieux font pression sur son mari pour qu’il en fasse autant.

      Encerclé par une foule en colère

      Dans le même temps, un partenaire local de Portes ouvertes a été pris à parti publiquement par un imam qui lui a dit, textuellement: «Vous les chrétiens, vous tuez des musulmans en Palestine. Alors, nous devrions vous tuer les uns après les autres, ainsi les chrétiens arrêteraient de tuer des musulmans.» Notre partenaire a alors été encerclé par une foule en colère, mais a réussi à s’enfuir.

      Un autre pasteur, au nord du pays, témoigne d’un harcèlement similaire:

      «Un groupe de musulmans m’a annoncé son projet de se venger des événements en Palestine.» 

      Et ce pasteur de poursuivre: «Leur slogan était “sang pour sang, vie pour vie”. Ils projettent de défiler dans la rue puis d’attaquer les chrétiens.» Ce pasteur supervise une communauté de 40 familles. «Nous vivons dans la peur et la panique. Priez pour notre protection!», conclut-il.