Le 15 janvier dernier, Shukhrat Safarov, un chrétien protestant, a été condamné à payer à une amende pour avoir offert un exemplaire du Nouveau Testament à une habitante de Boukhara en Ouzbékistan. Le tribunal a ordonné que le livre soit détruit.

Shukhrat a été condamné par le tribunal administratif de Boukhara à payer une amende de 552 900 Soms (environ 58€), équivalant environ à deux semaines de salaire moyen. 

La police avait fouillé l'appartement de la femme pour saisir l'exemplaire du Nouveau Testament en langue ouzbèke. (Source:Forum 18)

Arrestations illégales et abusives

Le régime ouzbek interdit de parler de ses croyances avec d'autres personnes, ce qui va à l'encontre des normes internationales en matière de Droits de l'Homme. Ces dispositions ouvrent la voie à de nombreux débordements de la part des forces de l'ordre, en toute impunité.

Dans l'affaire de Shukhrat Safarov, la loi n'a pas été respectée: lors de l'arrestation, le policier n'a pas décliné son identité à Shukhrat et ne s'est pas non plus présenté avec un mandat de perquisition. De plus, il est entré de force à son domicile.

Dans plusieurs affaires, lorsque la police ne respecte pas les procédures d'interpellations de chrétiens à leur domicile, des enquêtes ont été ouvertes sur les agissements des policiers. Ces enquêtes sont rapidement abandonnées. 

Le cas de Shukhrat n'est pas isolé

Les protestants de la ville d'Urgench, dans le Nord-Ouest du pays, et de la région de Namangan, dans l'Est du pays, se sont eux aussi plaints de descentes de police et de perquisitions sans mandat, ainsi que de pressions policières sur des individus pour qu'ils signent des déclarations fabriquées de toutes pièces.

C'est ce qui est arrivé au pasteur Ahmadjon Nazarov, à Sharofat Allamova, à Ravshan Yunusov, et à d'autres chrétiens, tous victimes de faux témoignages, en novembre 2018. Ravshan a déclaré:

«Je suis chrétien et je garde une Bible à la maison. Pourquoi les chrétiens devraient-ils être traités comme s'ils étaient coupables d'un crime ?»

L'utilisation de livres religieux en ouzbek est interdite

L'Ouzbékistan impose une censure de toute la littérature religieuse imprimée et électronique. Le régime est particulièrement hostile aux croyants non-musulmans qui utilisent l'ouzbek (la langue officielle de l'État) dans les textes religieux et dans l'exercice même du culte. Le Comité des affaires religieuses a d'ailleurs affirmé que l'utilisation du Nouveau Testament à des «fins missionnaires» est illégale.

La police confisque les livres qui sont passés au travers de la censure de l'État. À plusieurs reprises, le régime a même tenté d'empêcher les croyants de plusieurs religions, y compris les chrétiens, de lire leurs livres religieux chez eux.

Le 19 novembre 2018, la police ouzbèke a fait une descente dans une maison à Pop, ville de la province de Namangan en Ouzbékistan. 8 chrétiens protestants qui s'étaient rassemblés pour partager un repas et pour la lecture la Bible ont tous été arrêtés. 

Le 30 septembre 2018, 40 chrétiens protestants ont été arrêtés puis incarcérés car ils s'étaient rassemblés pour lire la Bible. Une femme et une fillette de 5 ans avaient dû se rendre à l'hôpital à cause de la pression psychologique ; 31 personnes ont été poursuivies et contraintes de payer des amendes.