En Inde, les extrémistes hindous n’ont pas tardé à contre-attaquer. Les chrétiens avaient été entendus par la Cour Suprême en octobre. Elle avait ordonné aux gouvernements de huit États de vérifier les plaintes pour discrimination formulées par les minorités religieuses. Notamment chrétiennes.

Qu’à cela ne tienne! Ashwini Upadhyay, un dirigeant politique du parti nationaliste hindou BJP («parti indien du peuple»), a aussi été entendu par la Cour Suprême le 14 novembre. Il y a réitéré la position traditionnelle de son parti: les chrétiens forceraient les hindous à se convertir soit par la force soit par le mensonge, soit par la ruse. Par exemple en promettant des aides en nature ou de l'argent. Le BJP a déjà obtenu l’adoption de lois «anti-conversion» dans onze États. Ces articles de loi ne respectent pas la liberté de religion garantie par la Constitution indienne. Ils sont souvent utilisés pour empêcher les chrétiens d’exercer leur culte librement et pour les persécuter.

Propagande extrémiste

Le nationaliste hindou Ashwini Upadhyay

Or, le 14 novembre dernier, la Cour Suprême s’est dite préoccupée par les conversions forcées et mensongères, estimant qu'elles «menaçaient la sécurité nationale». La plus haute juridiction du pays a demandé au gouvernement central de prendre des mesures pour les empêcher. Ce qui selon certains observateurs pourrait aboutir à l’adoption de lois anti-conversion dans tous les États de l’Inde. Et donc à augmenter les persécutions contre les chrétiens.

Cette intervention d’Ashwini Upadhyay à la Cour Suprême intervient au moment où les chrétiens s’apprêtent à fêter Noël. Un temps privilégié pour offrir de l’aide (nourriture, vêtements, etc.) à leurs voisins les plus démunis. Ceci pourrait les amener jusqu’en prison pour «tentative de conversion forcée»!

Rinzen Baleng, porte-parole local de Portes Ouvertes, se dit «profondément déçu par l’avis de l’Honorable Cour, qui ne se base sur aucune donnée vérifiable.» James (pseudonyme), un de nos partenaires locaux, renchérit:

«La Cour confirme l’existence de ''conversions frauduleuses'' non pas sur la base de recherches sérieuses, mais sur la propagande religieuse extrémiste (hindoue).»

Il est à espérer que les plaintes pour discrimination déposées par les chrétiens seront, elles, sérieusement vérifiées. Et qu'elles prouveront qu’il est nécessaire de protéger les minorités religieuses en Inde.

Appel de l’ONU

C’est d’ailleurs ce qui est ressorti de l’examen périodique de l’Inde devant le comité des Droits de l’Homme de l’ONU le 10 novembre. Ses membres ont appelé l’Inde à veiller à ce que les lois anti-conversion déjà en vigueur ne portent pas atteinte à la liberté de religion dans ce pays. Car selon Isaac Singh, un responsable chrétien, s’adressant à la presse catholique:

«L’utilisation répandue des lois anti-conversion a rendu la vie misérable aux chrétiens.»

L’inquiétude est d’autant plus vive que, même dans les États où le BJP n’a que peu de poids politique, d’autres extrémistes hindous sont présents et influents. Comme par exemple le mouvement «Hindu Munnami» dans l’État du Tamil Nadu. Ici, et ailleurs en Inde, les chrétiens pourront-ils fêter Noël paisiblement ?