Du communisme athée à un islam souvent radical, la condition des chrétiens des anciennes républiques soviétiques d'Asie Centrale n'a pas beaucoup changé. Séquestrés et battus par leurs familles restées fidèles à l'islam, voire expulsés de leurs villages, harcelés de l'école au monde du travail... Les chrétiens, surtout ceux qui sont d'arrière-plan musulman, subissent de nombreuses persécutions. Les cultes peuvent être interrompus par des descentes de police, et les chrétiens arrêtés et condamnés à des amendes. Dans certains pays, les mineurs de moins de 18 ans n’ont pas le droit de participer à des offices religieux, sauf à des funérailles. Et les camps de vacances chrétiens sont interdits. Voici l'histoire de quelques uns de ces chrétiens oubliés... 

Azin,13 ans, passé à tabac

Malgré l'hostilité de la population attachée à l'islam, certains jeunes sont très engagés dans leur nouvelle foi. Et ils partagent activement l'Évangile. C’est le cas d’Azin. Ce jeune adolescent plein d’enthousiasme a malheureusement été tabassé dernièrement et son état de santé est préoccupant. Il doit suivre un traitement pour les vaisseaux sanguins de son cerveau. Ses parents n’ont pas souhaité porter plainte contre les agresseurs. Bien souvent d'ailleurs, porter plainte ne sert à rien. Car les autorités sont parfois elles-mêmes source de persécution. Au Tadjikistan, par exemple, le gouvernement a décidé il y a un an de ne plus enregistrer de nouvelles églises. Or il est interdit de pratiquer un culte sans enregistrement préalable, et ce depuis 2009. En Ouzbékistan, à Pâques de cette année, la police a interrompu un culte, arrêtant une dizaine de fidèles, dont certains ont été sévèrement battus. Or cette église a la particularité d’accueillir un grand nombre de chrétiens sourds ou malentendants. Des personnes très marginalisées dans ces pays.  

Le culte de Pâques interrompu par la police à Qarshi, en Ouzbékistan

«La honte de la famille»

Comme il reste difficile d'être chrétien dans ces pays anciennement communistes et désormais à majorité musulmane... Dernièrement, au Kirghizistan, trois femmes ont fait l’objet de persécutions répétées de la part de leurs familles. Karina (pseudonyme) a été accusée par son mari de «faire la honte de sa famille». Les pressions de son époux, qui la menaçait de la chasser, étaient si fortes qu’elle en a partiellement perdu la vue. Zayra (pseudonyme), quant à elle, a été battue et étranglée par son fils. Mais elle a réussi à s’échapper pour aller vivre avec des amis chrétiens, malgré son grand âge. Enfin, Elmira (pseudonyme) s’est enfuie de chez elle avec ses trois enfants après avoir été battue par sa famille. Heureusement, elle a pu trouver refuge chez des amis chrétiens.

Dans un autre pays, le pasteur Yunus exerce un ministère spécifique auprès des chrétiens d’arrière-plan musulman. Il vient d’être hospitalisé dans un état critique: il souffre d’une infection sanguine, et sa santé psychologique, éprouvée par les persécutions, empire son état. Il a baptisé une femme il y a quelques semaines et son mari musulman ne cesse de menacer Yunus...

Ce ne sont hélas que quelques exemples parmi tant d'autres de la persécution «ordinaire» mais tellement violente que subissent les chrétiens des anciennes républiques soviétiques d'Asie centrale. 

De l’athéisme à un islam parfois radical 

L’Asie Centrale est composée de cinq pays anciennement soviétiques: le Kazakhstan, le Kirghizistan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Turkménistan. Les gouvernements y sont, à des degrés divers, plutôt autoritaires: ils assurent un contrôle strict de leur population, restreignant les libertés individuelles, y compris religieuses. 

Les chrétiens de cette région ont été persécutés pendant des décennies par le pouvoir soviétique. Depuis que ces républiques ont accédé à l'indépendance, l'islam est devenu un pilier de l'identité nationale ou ethnique. Aujourd'hui, quitter l'islam pour le christianisme peut être perçu comme une trahison. Quant aux autorités de ces pays, elles ont gardé une partie de l'héritage soviétique dans leur manière de gouverner. Ce qui implique une surveillance étroite des communautés religieuses, y compris des minorités chrétiennes. 

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