Les nouvelles des chrétiens du Nord-Est de l’Inde ne sont pas bonnes, notamment dans les États d’Assam et de Manipur. Ils se retrouvent en effet pris au milieu d’un conflit tribal qui oppose les Kuki et les Meitei. De violents affrontements en février entre les deux ethnies ont fait plusieurs morts et des centaines de blessés, dont une majorité de chrétiens. Et la situation reste tendue...

Anjali Lhing (pseudonyme), partenaire de Portes Ouvertes sur place, demande que l’on «prie pour ces États du Nord-Est de l’Inde. Autrefois un havre de paix pour les chrétiens, ils sont aujourd’hui le théâtre de faits d’actualité violents, d'attaques et de lois contestables votées contre la communauté chrétienne.»

Une loi spécifique contre l'évangélisme

Anjali fait référence à la loi du 10 février 2024 qui interdit dans l’État d’Assam les prières pour des «guérisons miraculeuses». Elle menace de lourdes amendes et de peines de prison ceux qui pratiquent de tels rites. Selon le premier ministre de cet État, cette loi a été votée spécifiquement pour «incurver l’évangélisme à Assam», et donc cible ouvertement les chrétiens évangéliques.

John Moolachira, archevêque catholique.

Pourtant, John Moolachira, archevêque catholique et président du Forum chrétien d’Assam, déclare: «Nous ne faisons pas du porte-à-porte pour guérir les gens, mais prier pour la guérison fait partie de nos prières. Nous prions pour la guérison comme toutes les autres religions: quand des gens sont malades, nous prions pour eux. Nous ne pratiquons pas la "magie" pour les guérir.» Il déplore: 

«Nous ne comprenons pas pourquoi le gouvernement veut rendre nos pratiques illégales et punissables.» 

Le président du Forum chrétien d’Assam poursuit sa défense: «La guérison, dans notre contexte, n’est pas synonyme de prosélytisme. C’est une réponse de compassion à des souffrances humaines, indépendamment de la confession religieuse.» Les responsables du Forum espèrent, comme le garantit la Constitution de l’Inde, que les chrétiens pourront continuer à pratiquer librement leur religion et à prier pour les malades.

Ultimatum contre les écoles

Dans le même temps, et dans le même État, une organisation hindouiste extrémiste a lancé un ultimatum aux écoles chrétiennes. Elle exige qu’elles retirent tout symbole religieux de leurs locaux (croix, images de Jésus, etc.). Satya Ranjan Borah, en photo ci-dessous, est le président du groupe nationaliste hindou à l’origine de l’ultimatum. Il affirme qu’il «n’autorisera pas les missionnaires chrétiens à transformer les écoles en instituts religieux». Son groupe a organisé de grandes manifestations dans ce but, et a collé des affiches sur les murs des écoles visées.

Ranjan Borah.

Selon notre partenaire Anjali Lhing, «les radicaux (hindouistes) parlent avec condescendance des minorités religieuses dans le système scolaire, favorisant l’hindouisme dans le système éducatif. Les esprits des élèves sont induits en erreur. Une vague d’intolérance religieuse peut être observée dans la plupart des États du Nord-Est», déplore-t-elle. Les écoles concernées espèrent bénéficier de la protection de la police si les extrémistes venaient à mettre leurs menaces à exécution. Malgré tout, Anjali garde espoir: «Nous continuons à croire que, dans ces moments décourageants, Dieu continue son œuvre quand l'Église prie dans l'unité.»