16 août 2023, à Jaranwala, au Pakistan. Alors que le jour cédait la place à la nuit, Sadaf (pseudonyme) tenait son bébé en pleurs. Sa fille Reena (pseudonyme) n'était née que depuis quelques heures, et il faudra des années avant que la jeune enfant ne comprenne pourquoi tant de gens la haïssent.

Réfugiés dans le champ de canne à sucre

Sadaf a déployé le châle qu'elle utilisait pour se couvrir et a emmailloté Reena. La jeune mère s'est assise dans le champ de canne à sucre avec son nouveau-né. En fuyant leur maison pour se réfugier dans les champs, elle avait été séparée de son mari et de son père. Les autres personnes qui se cachaient avec elles dans le champ étaient également chrétiennes et, ensemble, elles ont regardé leur quartier brûler.

Quelque chose a bougé dans les tiges de canne à sucre à côté de Sadaf. Elle a senti la piqûre soudaine d'un scorpion et a lutté contre l'envie de crirer qui montait en elle. La douleur n'a fait qu'ajouter au chagrin qu'elle ressentait déjà... 

Priant à voix basse, elle a demandé à Dieu de la sauver, elle et sa famille. Sa plus grande crainte était de perdre sa fille ou son mari à cause des hommes en colère qui versaient de l'acide sur leurs affaires et brûlaient leur ville. La peur que son père et son mari soient tués s'est emparée d'elle. Si cela se produisait, que deviendrait-elle? Elle connaissait le risque: elle pourrait devenir une autre victime parmi le flot ininterrompu de chrétiennes du Pakistan. Encore une femme abusée sexuellement par des hommes malveillants qui traitent les disciples de Jésus avec mépris... 

L'aube porteuse de bonnes nouvelles

Même trois semaines après l'attaque, Sadaf est toujours affectée par le traumatisme. Elle n'arrive pas à se débarrasser du nœud dans son estomac causé par la terreur. Cette nuit-là, dans les champs de canne à sucre, la jeune maman n'a pu que prier. Elle a adressé à Jésus des requêtes déchirantes et la nuit a été longue.

Finalement, à l'aube, elle a retrouvé son mari et son père vivants! Sadaf était en larmes. Ils sont restés ensemble dans les champs, se serrant l'un contre l'autre pour se mettre à l'abri et se réconforter. Pendant ce temps, ils regardaient leurs églises et leurs maisons brûler tout en demandant à Dieu de les sauver.

Quand l'équipe de HOPE, un partenaire local de Portes Ouvertes a rencontré la famille de Sadaf, personne n'était encore venu leur rendre visite. Car cette famille chrétienne se trouve dans un village isolé, sans possibilité de communiquer avec des personnes extérieures à la région. Toutes les routes d'entrée et de sortie de la ville ont été bloquées.

«Nous ne voulons que des prières!»

Le mari de Sadaf a serré dans ses bras l'un des partenaires, en disant qu'ils n'attendaient que des prières: «Nous avons perdu notre maison, mais Dieu s'occupera de nous; s'il vous plaît, priez pour nous!», a-t-il déclaré. L'équipe de HOPE a traversé le village et a entendu ses simples mots de gratitude: 

«Merci d'être venus prier pour nous!»

Notre partenaire, qui apporte un soutien immédiat et à long terme aux victimes des attaques, estime qu'entre 30 et 40.000 femmes et enfants ont été piqués, mordus et griffés dans les champs cette nuit-là. L'équipe a pu évaluer les risques pour la santé des communautés et envoyer des équipes médicales sur place pour soigner les infections cutanées et les piqûres. Elle a également appris aux familles touchées par les violences collectives à Jaranwala à faire des choix hygiéniques pour éviter les maladies et les infections pendant leur convalescence.

La peur est toujours là parmi les habitants de Jaranwala, alors que les chrétiens rentrent chez eux pour voir leurs églises et leurs communautés brûlées. Nous vous remercions de vos prières et de votre soutien, et nous vous prions de continuer à vous souvenir d'eux alors qu'ils se remettent de leur traumatisme et reconstruisent leur vie.

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