Une loi sur le blasphème de plus en plus utilisée contre les chrétiens, une menace terroriste qui s'intensifie...  L'Indonésie semble perdre son caractère exemplaire de pays démocratique abritant une forme tolérante d'islam. 

Une loi sur le blasphème élargie

Les indonésiens sont toujours dans l'attente d'un nouveau code pénal pour le pays. Il y a 2 ans, la première version de ce code avait entrainé des manifestations sur l'ensemble du territoire. Les défenseurs des droits de l'Homme avaient dénoncé plusieurs articles. Ils menaçaient selon eux un certain nombre de droits, dont ceux des minorités religieuses.

La loi sur le blasphème, par exemple, aurait une définition plus élargie dans le nouveau code pénal. Quand elle a été introduite, elle visait à protéger les croyants des 6 religions reconnues par l'État. Dont le christianisme. Aujourd'hui, elle est utilisée notamment contre les chrétiens. Cela a été le cas pour incriminer Basuki Tjahaja Purnama dit Ahok, l'ancien gouverneur chrétien de Jakarta. Plus récemment, le ministre des affaires religieuses, Yaqut Cholil Qoumas, qui s'était engagé à éradiquer l’intolérance et à promouvoir la modération religieuse, a été lui aussi accusé de blasphème. Il a dû se justifier publiquement pour faire taire ses détracteurs.

En Indonésie, il y a près de 80% de musulmans et ce sont souvent eux qui ont recours à cette loi. Dans le cadre des élections présidentielles de 2024, elle pourrait être utilisée par les candidats à des fins politiques et électorales.

Menace terroriste croissante 

La radicalisation de la société se traduit aussi par une augmentation des attaques contre les chrétiens.

En novembre 2020, mars 2021 et mai 2021, elles avaient couté la vie à 8 personnes et plus de 20 autres qui avaient été blessées. Elles avaient notamment été perpétrées par les Moudjahidines de l'Indonésie orientale, un groupe islamiste.

Pourtant, les autorités mènent des enquêtes et, en général, font de leur mieux pour déjouer ces attaques. Le gouvernement a notamment sévi avec succès contre des groupes radicaux tels que le Front des défenseurs de l'islam. Mais les groupes islamiques radicaux en Indonésie profitent de la crise du Covid-19 pour se regrouper et renforcer leurs rangs.

Par ailleurs, la victoire rapide des talibans en Afghanistan en août 2021 a augmenté la probabilité d'attaques par des groupes dissidents. Et l'idéologie islamiste fait son chemin dans le pays. La radicalisation se poursuit et s'effectue de plus en plus en ligne, sur internet et sur les réseaux sociaux, que les radicaux savent très bien utiliser à leurs fins. Le fait que la radicalisation se fasse de plus en plus en ligne ne facilite pas la tâche du gouvernement. Dans quelle mesure les autorités parviendront-elles à endiguer cette menace et à protéger la minorité chrétienne? 

En 2022, l'Indonésie est passée de la 47ème à la 28ème place de l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens.