Young-Sik gardait sa foi secrète. Ce n’est pas pour cette raison que les autorités l’ont envoyé vivre dans ce village isolé. Une décision incompréhensible. Toujours est-il que ce jeune homme s’est retrouvé coupé de sa famille et de sa petite communauté chrétienne clandestine. Une catastrophe!

Dans cet endroit perdu au milieu de nulle part, la recherche de nourriture pouvait prendre des heures. Et puis il y avait ces longues journées de travail forcé, monotones et déprimantes. Les mois d’hiver étaient les plus durs. Young-Sik s’occupait des enfants sans abri, les «kotjebis». Tant bien que mal, il leur accordait un peu d’attention et, parfois, de la nourriture: des herbes sèches ou des racines. Il n’y avait presque rien à manger.

Le signe secret

Un jour, dans les champs, Young-Sik a soupiré: «Seigneur, combien de temps vais-je devoir encore vivre ainsi?» Il avait murmuré trop fort. Trop tard: un homme âgé venait d’entendre cette prière. Alors, le vieil homme s’est approché prudemment de Young-Sik pour ne pas l’effrayer. Il lui a pris la main et, de son doigt, a tracé une croix dans la paume. Young-Sik ne s’attendait pas à ce contact. Sans reconnaître le symbole, Il a vite retiré sa main et a dit à l’homme de partir.

Mais le lendemain, le chemin de Young-Sik a croisé de nouveau celui du vieil homme. Celui-ci s’est mis à fredonner l’air d’un cantique. Surpris, Young-Sik s’est assuré qu’il n’y avait personne d’autre autour de lui: 

«J’ai reconnu la mélodie. Quand j’ai vu le visage de cet homme, j’ai compris qu’il m’avait volontairement envoyé un signal. J’étais fou de joie! Je venais de trouver un frère dans cet endroit terrible.»

L’homme âgé s’appelait Byung-Chul. C’était un chrétien clandestin qui prenait soin de plusieurs familles du village. Il dirigeait une petite église de maison clandestine depuis plusieurs décennies. Young-Sik a été invité à une réunion secrète: «Ce fut un moment merveilleux, la preuve que Jésus est fidèle. Ma déprime a laissé place à l’espoir!»

«C'était Dieu qui m'avait envoyé dans cet endroit misérable!»

Byung-Chul rendait service aux habitants grâce à ses compétences médicales, gratuitement. Suspicieuses, les autorités l’ont interrogé à maintes reprises, sans découvrir sa foi chrétienne. Un jour, on lui a demandé de donner une consultation médicale à un personnage haut placé. Byung-Chul a prié en secret, puis il est allé auprès de cette personne. Peu après, elle était guérie. En guise de récompense, Byung-Chul a eu la possibilité de vivre en ville, avec un meilleur statut social. Mais il a refusé, préférant transmettre cette faveur à un enfant sans abri. Quelques semaines plus tard, l’enfant était envoyé dans une grande ville pour y recevoir une véritable éducation et une vie meilleure.

Byung-Chul n’aurait jamais quitté les chrétiens de son village! À la fin de sa vie, il a formé Young-Sik à prendre la relève au service de l’Église clandestine. «Quand il a prié pour moi en tant que nouveau responsable, ce fut un autre moment important. Il ne m’a pas confié un simple travail, mais un appel pour servir le Seigneur dans ce village isolé. Je sais maintenant que je n’ai pas été envoyé par les autorités dans un endroit misérable. C’est Dieu qui m’a conduit ici, car l’Église clandestine attendait quelqu’un pour venir la servir.»