À 55 ans, Sarata semble usée par la souffrance. Comme si les deux grandes épreuves de sa vie avaient creusé leurs sillons sur son visage… Elle a d'abord perdu son mari, puis une fille, tous deux victimes de la violence islamiste au Cameroun.

Boko Haram: l'angoisse qui tue 

C'est à cause de l’insécurité anxiogène générée par le groupe extrémiste islamique Boko Haram que Tetekwa est mort. C’était en 2014. Sarata et Tetekwa étaient mariés depuis 30 ans… Le stress insupportable généré par une attaque du groupe armé a fini par lui provoquer une crise cardiaque. Une peine à laquelle s’est ajoutée la peur de subir de nouvelles agressions du groupe islamiste…  

Cinq ans plus tard, la violence meurtrière était de retour. Le jeudi 13 septembre 2019, Sarata et ses enfants étaient en route pour la ferme, quand Boko Haram a de nouveau attaqué : «Nous sommes partis tôt le matin pour nous rendre aux champs. Les enfants couraient, loin devant», raconte-t-elle. Elle a été rattrapée par des combattants de Boko Haram qui l’ont dépassée sans l’agresser. Après qu’ils se soient éloignés, elle a entendu des coups de feu: ils tiraient à proximité de ses enfants! Sarata s’est mise à craindre pour leur vie. Hélas, ses craintes étaient justifiées: les hommes en armes ont tenté de kidnapper sa fille Lydia, âgée de 16 ans. Lydia a résisté et ils l'ont abattue.

Survivre à la violence grâce à l’Église

Avec Boko Haram qui continue à sévir, il serait plus sûr de rester à la maison. Mais Sarata n’a pas le choix. Elle n’a pas d'autres moyens de survie que son pénible labeur…  

S'occuper des veuves et des orphelins, souvent victimes de l'islamisme, reste une des préoccupations de l’église locale. Sans elle, Sarata se sentirait totalement abandonnée, désespérée. Mais elle tient bon, grâce à la force de l'amour fraternel: 

«Si je me retrouve souvent parmi mes frères et sœurs, mon cœur est en paix!»

Sarata a encore du chemin à parcourir jusqu'à la guérison des traumatismes qu'elle a subis. Elle n’en veut pas au Seigneur, mais comment pardonner aux hommes qui ont assassiné sa fille au nom de Dieu?: «Ce n'est pas Dieu qui a pris mes enfants, mais la méchanceté de ces gens. Je veux retrouver ma santé, retrouver la paix. Mais ces souvenirs me dérangent toujours et je ne sais pas quoi faire!»

Pourtant, Sarata garde la foi: «Avec tout cela, elle a lutté en s’appuyant sur la Parole de Dieu, qu’elle n'a pas abandonnée!», témoigne Hamadou, un ancien de son église.

Sarata cultivant son lopin de terre

Aider les victimes de l'islamisme 

Portes Ouvertes aide les chrétiens victimes de la violence islamiste à former des communautés résilientes et bienveillantes ; des églises qui peuvent porter de bons fruits. Cela inclut la prise en charge des besoins physiques et émotionnels. Le fait que nos partenaires aient fait un si long chemin pour lui montrer notre soutien a beaucoup ému Sarata. 

Sarata a reçu une aide financière d'urgence: «Avec l'argent que j'ai reçu, j'ai payé la scolarité des enfants et les travaux de la ferme. J'ai acheté de la nourriture et j'en ai aussi mis de côté pour le cas où quelqu'un tomberait malade», conclut-elle, reconnaissante.

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